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Vrai ou faux ?

Vrai ou faux ?

« Très peu de personnes détransitionnent et quand elles le font, c'est à cause de pressions externes. »

Faux

Voici ce que retiendra une personne qui souhaite s’informer sur ce phénomène, quand elle lira ou écoutera des médias « progressistes », des revues scientifiques renommées, des contenus de personnes se targuant de différencier le vrai du faux à propos des sujets scientifiques controversés. 

Mais d’où viennent donc ces affirmations ?

Ancre 2

Concernant les raisons de la détransition

Si on se fie à ces sources réputées pour leur fiabilité, on apprend que la majorité des détransitions sont du fait de pressions externes. Ce résultat, techniquement vrai, se base sur une enquête de commodité en ligne, l’US Transgender Survey 2015 (dont les problèmes d'échantillonnage sont décrits dans l'article Science Vs de Singal traduit en français, étude 6), et dont les données concernant la détransition ont été exploitées par Turban et al., 2021.

Ancre 1
Ancre 2

Ce que ces médias « omettent » de préciser

Dans cette enquête, il fallait s’identifier transgenre pour répondre : ce qui signifie qu’une personne ne s’identifiant plus trans ne pouvait pas répondre.

 

Cela est confirmé dans l’étude de Turban et al. : 

« Ces expériences [de détransition] ne reflétaient pas nécessairement de regret concernant l'affirmation de genre passée et étaient probablement temporaires, car tous ces répondants ont par la suite été identifiés comme transgenre ou de genre divers, une condition d'éligibilité à la participation à l'étude ».

Extrait de l'enquête USTS 2015 ; les répondants doivent s'identifier trans de genre divers

Alors effectivement, des personnes qui s’identifient toujours trans peuvent avoir détransitionné, à cause de pressions externes. Mais une personne qui réalise s’être trompée dans son cheminement et qui ne s’identifie plus trans, comme par exemple ces détransitionneuses, ne pouvait pas y répondre.

Exemple typique, comme Michelle Zacchigna (canadienne poursuivant en justice son prestataire de soins)  : une jeune femme avec divers troubles associés, s’étant identifiée trans vers 20 ans, ayant pris de la testostérone, fait une mammectomie et hystérectomie, qui cesse de s’identifier trans car se rendant compte que sa dysphorie de genre était due à d’autres problèmes et que la transition médicale ne résolvait rien du tout, ne pouvait pas répondre à cette enquête.

 

Les recherches basées sur cette enquête peuvent difficilement nous fournir des informations fiables sur les raisons pour lesquelles les personnes détransitionnent, car il ne s’agit pas d’une enquête sur les personnes qui détransitionnent. 

Pourtant, des études qualitatives existent sur les raisons de la détransition, qui interrogent des personnes détransitionneuses. 

Exemples : Vandenbussche 2021, Littman 2021, Littman et al. 2023, MacKinnon et al., 2022. 


Plus surprenant encore : l’étude de Turban et al., est mentionnée (comme seule référence dans ce domaine) dans la note de cadrage de la HAS (sept. 2022) visant à élaborer les recommandations concernant le parcours de transition des personnes transgenres.

Concernant le taux de détransition

Étude rétrospective hollandaise, Wiepjes et al. (2018)

Le chiffre « moins de 1 % de personnes regrettent leur transition » provient par exemple de l'étude rétrospective de Wiepjes et al. (2018), qui a analysé les dossiers médicaux de toutes les personnes ayant fréquenté la clinique d’identité de genre d'Amsterdam de 1972 à 2015. L’étude conclut que « Seulement 0,6 % des femmes trans et 0,3 % des hommes trans ayant subi une gonadectomie ont été identifiés comme éprouvant des regrets ». 


Ce que les médias « omettent » de préciser

L’étude biaise le taux réel de regret en raison de la façon de mesurer le regret, du taux de perte de suivi important, de la durée de suivi relativement courte et de la faible applicabilité du résultat au profil de la cohorte actuelle de jeunes souhaitant une transition médicale.

Cette étude a mesuré le regret en recherchant dans les dossiers médicaux ceux qui ont subi une gonadectomie (ablation des ovaires ou des testicules), et repris des hormones sexuelles natales dans la même clinique.

→ Aucune des personnes ayant pris uniquement des hormones sexuelles croisées et subi une  mammectomie ou une augmentation mammaire n’ont été comptabilisées.

Par exemple, l'étude n'aurait pas compté la célèbre détransitionneuse Keira Bell (qui a fait un recours contre la clinique Tavistock en 2020) parmi ceux qui regrettent (car elle n’a pas subi d’ovariectomie). L’étude n’aurait pas compté une bonne partie des détransitionneurs participant aux études récentes dans ce domaine.

D’autre part, la mesure du regret en recherchant des mentions de regrets dans les dossiers médicaux biaise le taux réel, car une bonne partie n'informe pas leur prestataire d'origine de leur détransition (dans l’étude de Litmann de 2021, bien qu’elle se concentre sur un échantillon en ligne relativement petit et non aléatoire, ce pourcentage est de 75 %).

Les témoignages des détransitionneurs montrent qu’il y a beaucoup de honte autour du regret de transition, il est difficile d’admettre que l’on s’est trompé (voir par exemple le témoignage d’Andy, détrans).

Comme le souligne la SEGM (11 sept. 2023) : « La présomption selon laquelle “pas de nouvelles est une bonne nouvelle” est inappropriée pour la recherche sur la détransition et le regret puisqu' il est peu probable que les personnes qui détransitionnent retournent voir les médecins qui les ont traités pour partager leurs inquiétudes, donc “pas de nouvelles” est tout aussi susceptible de signaler “mauvaises nouvelles” ». De plus, il n’est pas si aisé d’entreprendre un traitement médical pour revenir à son sexe car les interventions génitales sont irréversibles.

Sources : 

Revue systématique, Bustos et al., 2021

Une autre recherche trés fréquemment citée  pour ses faibles taux de regret est la « revue systématique » de Bustos et al. (2021) qui visait à mesurer la prévalence du regret suite à une « chirurgie d'affirmation de genre ». 

Selon les auteurs, « 27 études, regroupant 7 928 patients transgenres ayant subi tout type de chirurgie ont été incluses ». L’étude de Wiepjes et al. y est incluse et représente près de la moitié des participants de toutes les études.

Les auteurs concluent que « Sur la base de cette revue, il existe une prévalence extrêmement faible de regret chez les patients transgenres après une chirurgie d'affirmation de genre ».


Ce que les médias « omettent » de préciser

Cette revue a sacrément été débunkée : sur la sélection des études, les multiples erreurs d’exploitation des données, et la qualité des études :

Expósito-Campos et D’Angelo mentionnent que : « Les auteurs ont négligé de nombreuses études pertinentes, y compris l'une des plus connues (Dhejne et al., 2014), soulevant des questions sur l'adéquation de leur stratégie de recherche. Une étude (Jiang et al., 2018) a été incluse de manière inappropriée car elle ne portait que sur les regrets concernant le choix de la procédure chirurgicale, et non sur la chirurgie elle-même ».

Conclusion

Actuellement, le taux de détransition est inconnu. Comme le conclut Cohn, ce qui manque, c’est un suivi long terme de grands groupes de personnes trans au fil du temps, de profils similaires au profil actuel des jeunes s’identifiant trans, avec un instrument de mesure du regret approprié et une petite perte de suivi. Nous ne disposons pas d’études de cette qualité.

 

Quand bien même en supposant que les détransitionneurs représentent « une minorité ». Serait-ce donc une raison pour la faire taire ? Si on raisonne ainsi, devrait-on également faire taire la minorité que représentent les personnes trans dans la société ? Certainement pas.

Je pense qu' il serait plus pertinent que les personnes si promptes à minimiser les expériences des « détrans » suivent l’exemple de l’homme trans MacKinnon, qui appelle à une meilleure compréhension de ce phénomène : prendre en compte la détransition, de manière objective, ne signifie pas interdire la transition médicale à tout individu. Cela signifie analyser ce phénomène pour cadrer le parcours médical des personnes s’identifiant trans.

Il me semble que c’est ainsi que la médecine se corrige.

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