Transition sociale selon le Cass Review
Le Cass Review est un examen indépendant des services de genre pour mineurs en Angleterre, coordonné par la pédiatre Dr Cass. Il a été commandé en 2020 par le NHS England (système de santé public). Il s'appuie sur sept revues systématiques commandées à l’Université de York, une enquête sur les pratiques internationales, une étude qualitative sur les expériences des patients, et le point de vue de familles et cliniciens.
En avril 2024, le Dr Cass a soumis le rapport final de cet examen au NHS.
Ci-dessous, des extraits du rapport final. (termes surlignés par l'auteure du site)
La revue systématique [sur l'impact de la transition sociale, Hall, 2024] n'a montré aucune preuve claire que la transition sociale pendant l'enfance ait des résultats positifs ou négatifs sur la santé mentale, et les preuves d'un quelconque effet à l'adolescence sont relativement faibles. Cependant, ceux qui avaient effectué une transition sociale à un âge plus précoce et/ou avant d'être vus en clinique étaient plus susceptibles de suivre un parcours médical.
Éviter les décisions prématurées et envisager une transition partielle plutôt que complète peut être un moyen d'assurer la flexibilité et de maintenir les options ouvertes jusqu'à ce que la trajectoire développementale devienne plus claire.
Chapitre Résumé et recommandations, p. 29 p. 31-32, points 76 et 79
Dans le cadre du NHS, il est important de considérer [la transition sociale] comme une intervention active car elle peut avoir des effets significatifs sur l'enfant ou le jeune en termes de fonctionnement psychologique et de résultats à long terme. (12.5 p. 158)
Prise en compte des preuves (12.19 à 12.30)
La revue systématique de l'Université de York sur la transition sociale visait à identifier et résumer les preuves sur les résultats de la transition sociale pour les enfants et les adolescents souffrant de dysphorie de genre. (Hall et al., 2024). (...)
L'échelle (version modifiée de l'échelle de Newcastle-Ottawa) a été utilisée pour évaluer les éléments présentés dans la Figure 33, puis attribuer un score résumé pour chacune des études.
Sur les 11 études qui répondaient aux critères de recherche, 9 étaient de qualité faible et 2 étaient de qualité modérée. (...)
Le seul bénéfice constant de la transition sociale était l'utilisation du prénom choisi à l'adolescence :
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Une étude a trouvé que cela était associé à certaines améliorations de la santé mentale et à une réduction de la propension au suicide chez les jeunes de 15 à 21 ans
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Une autre étude a trouvé que l'utilisation du prénom choisi par les parents et la capacité à exprimer son genre étaient associées à certaines améliorations de la santé mentale chez les jeunes de 16 à 24 ans.
Une étude portant sur des adultes transgenres a révélé que le nombre de tentatives de suicide au cours de la vie et les idées suicidaires au cours de la « dernière année » étaient plus élevés chez ceux qui avaient effectué une transition sociale à l'adolescence par rapport à ceux qui l'avaient effectuée à l'âge adulte.
Résumé (12.31 à 12.36)
Étant donné la faiblesse de la recherche dans ce domaine, de nombreuses incertitudes subsistent quant à l'impact de la transition sociale. En particulier, il n'est pas clair si elle modifie la trajectoire du développement du genre, et quel impact à court et à long terme cela peut avoir sur la santé mentale.
Les premières recherches citées au chapitre 2 [p. 67] ont révélé des taux faibles de persistance de l'incongruence de genre de l'enfance à l'âge adulte, d'environ 15 % (par exemple, Zucker, 1985). Les articles de cette période ont été critiqués car les enfants n'avaient pas été formellement diagnostiqués selon la CIM ou le DSM. À cette époque, il était rare que les enfants aient effectué une transition sociale avant d'être vus en consultation.
Les études ultérieures, qui ont montré des taux de persistance plus élevés à 37 % (par exemple Steensma et al., 2013), ont utilisé des critères diagnostiques formels, mais à ce moment-là, une plus grande proportion des jeunes vus en consultations avait effectué une transition sociale avant d'être vus.
Il n'est pas possible d'attribuer la causalité dans un sens ou dans l'autre à partir des conclusions de ces études. Cela signifie qu'on ne sait pas si les enfants qui ont persisté étaient ceux avec l'incongruence la plus intense et donc plus susceptibles de faire une transition sociale, ou si la transition sociale a renforcé l'incongruence de genre. (...)
Les informations ci-dessus démontrent qu'il n'y a pas de preuves claires indiquant que la transition sociale pendant l'enfance a des effets positifs ou négatifs sur la santé mentale. Les preuves d'un quelconque effet à l'adolescence sont relativement faibles. Cependant, le type d’éducation associé au sexe semble avoir une certaine influence sur le résultat final en termes de genre, et il est possible que la transition sociale pendant l'enfance puisse modifier la trajectoire du développement de l'identité de genre pour les enfants présentant une incongruence de genre précoce. Pour cette raison, une approche plus prudente doit être adoptée pour les enfants que pour les adolescents.
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Les parents devraient être prioritaires sur la liste d'attente pour une consultation précoce sur cette question.
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La participation clinique dans le processus de prise de décision devrait inclure des conseils sur les risques et les avantages de la transition sociale (...) en se référant aux meilleures preuves disponibles. (...)
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Il peut être bénéfique d'encourager la flexibilité et de maintenir des possibilités ouvertes pour les enfants qui entament une transition sociale, en les aidant à développer une compréhension à la fois de leur corps et de leurs émotions. Une transition partielle plutôt que complète peut être un moyen d'assurer la flexibilité (…)