La WPATH a supprimé les preuves qui ne soutenaient pas ses objectifs de recommander les interventions hormonales/chirurgicales au plus grand nombre
La WPATH se targue que ses « standards de soins » concernant les personnes trans constituent la « référence absolue », affirmant qu'elles sont « basées sur bien plus de revues systématiques que le Cass Review ».
Pourtant, des documents judiciaires récemment publiés révèlent que les dirigeants de la WPATH ont interféré avec la production des revues systématiques commandées, en supprimant/manipulant les preuves lorsque celles-ci ne soutenaient pas leur projet de recommander les interventions hormonales/chirurgicales. Cela enfreint certaines normes concernant l'élaboration de lignes directrices, selon lesquelles le commanditaire des revues des preuves ne peut pas modifier ou supprimer la publication de la recherche de l'équipe d'examen, qui doit être indépendante.
La WPATH est l'Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres : se présentant comme une organisation scientifique et médicale, elle vise à promouvoir les interventions médicales et chirurgicales affirmant le genre, y compris chez les mineurs.
Ses « standards de soins » (Standards Of Care, SOC8), publiées en sept. 2022, constituent la référence dans les consultations transgenres en France. L’HAS se base entre autres sur cette directive pour élaborer leurs prochaines recommandations sur cette thématique pour les plus de 16 ans (publication 2025).
Pour les élaborer, la WPATH a commandé des revues systématiques des preuves concernant divers aspects liés aux interventions médicales : une revue systématique des preuves analyse dans un certain domaine de recherche toutes les études disponibles. Elle évalue le niveau de preuves trouvées : preuves de très faible qualité à haute qualité. Les résultats de ces revues visent à guider les recommandations et in fine à permettre aux patients (et aux parents) de savoir dans quelle mesure un traitement est susceptible de les aider ou de leur nuire (base du consentement éclairé).
En 2018, la WPATH a chargé l’Université Johns Hopkins de réaliser ces revues systématiques.
Dans le cadre de divers procès aux US, la WPATH a été sommée de produire tous les échanges mails concernant l'élaboration de ces « standards de soins » (échanges regroupés sur le site web du procureur général de l'Alabama). Ces mails révèlent que la direction de la WPATH a déployé de grands efforts pour supprimer les revues systématiques commandées à Johns Hopkins, car les conclusions des revues ne soutenaient pas les objectifs de la WPATH de recommander un large accès aux hormones et aux chirurgies pour tous ceux qui le désiraient.
Concernant les mineurs, un échange de mail révèle qu'une évaluation des preuves sur les effets des traitements a bien été effectuée, et que l'équipe avait trouvé « peu ou pas de preuves concernant les enfants et les adolescents » (exhibit 173, p. 22-23, voir image ci-dessous, partie gauche),
Pourtant, la WPATH a indiqué dans ses « normes de soins » (chapitre Adolescents) qu’une « revue systématique n’est pas possible » en raison du faible nombre d’études (voir image ci-dessous, partie droite), et a recommandé sans réserve bloqueurs de puberté et hormones sexuelles croisées, en justifiant que les études existantes en montraient les bénéfices.
Lors du colloque de l'Observatoire de la Petite Sirène à Paris les 28-29 juin 2024, Zhenya Abruzzese, co-fondatrice de la SEGM (Society for Evidence-Based Gender Medicine) a parlé de ces révélations, entre 1.04.36 et 1.13.30.
Ces documents judiciaires révèlent également que la WPATH, se rendant compte de la faiblesse des preuves dans les 1res revues commandées, a exercé un contrôle éditorial par le biais d'une nouvelle « politique d’approbation » pour les prochaines revues systématiques (Exhibit 1, p. 6 à 11/15) : la WPATH devait approuver les conclusions de chaque revue systématique à l’état de brouillon.
Les auteurs de la revue systématique devaient avoir l’intention utiliser les données « pour faire progresser la santé des personnes transgenres de manière positive » telle que définie par la WPATH ; un responsable de la WPATH devait être impliqué « dans la conception, le brouillon de l’article et son approbation finale ». (Exhibit 1, p. 6/15). Ce contrôle pour approbation par la WPATH se faisait à 2 niveaux : après la 1re soumission pour publication, et lorsque le manuscrit était prêt pour publication : voir le schéma du processus d'approbation conçu par la WPATH.
Alors que la publication était censée être produite par des chercheurs indépendants.
Autrement dit, seules les revues avec des conclusions allant dans le sens de ce que souhaitait la WPATH avaient une chance d'être publiées, même si la qualité des preuves trouvées contredisait la conclusion. C'est ce qui s'est produit avec la seule revue systématique qui a réussi à passer ces étapes d'approbation (Baker et al. 2021).
Pour donner l'impression d'une neutralité, cette nouvelle politique exigeait également que la publication finale comporte la clause selon laquelle la WPATH n'avait aucune influence sur le processus et que les opinions émanaient uniquement des auteurs des revues. (ces précisions sont également décrites lors du colloque de l'Observatoire, de 1.21.50 à 1.31.39).
En octobre 2020, le président sortant de la WPATH a écrit aux auteurs des chapitres, déclarant que la recherche doit être « scrutée et examinée en profondeur pour s'assurer que la publication n'affecte pas négativement la prestation de soins de santé pour les personnes transgenres dans le sens le plus large ». (Exhibit 1, p. 14/15).
Parmi toutes les revues systématiques ont été initiées, seulement 2 ont été publiées, répondant à seulement 3 des 13 questions de recherches initialement établies : une revue publiée avant la nouvelle politique d'approbation (Wilson et al., 2020 : effets des antiandrogènes sur les taux de prolactine chez les femmes transgenres) et une revue après (Baker et al. 2021 : effets de l'hormonthérapie sur la qualité de vie, jeunes et adultes).
À ce jour, aucune preuve concernant les adolescents n'a été publiée. La WPATH continue d'insister sur le fait que ses recommandations sont fondées sur des preuves, tout en bloquant toutes les demandes visant à consulter les revues supprimées.
Comme le conclue Z. Abruzzese : « Nous sommes entrain d'assister à l'émergence d'un énorme scandale scientifique ».
En savoir plus
Texte traduit en français détaillant, à partir des documents judiciaires révélés, comment les dirigeants de la WPATH ont interféré avec la production des revues systématiques qu'ils avaient commandé.
La publication de ces documents judiciaires a été couverte par :
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Jesse Singal, The Economist, Research into trans medicine has been manipulated, 27 juin 2024
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SEGM, WPATH Influence Undermines WHO’s Transgender Guidelines, 11 juillet 2024
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Lisa Selin Davis, Substack, The Scandal Goes All the Way to the White House—But It's Deeper than Levine, 26 juin 2024
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Christina Buttons, Reality’s last stand, Pediatric Gender Medicine Is Led by Activism, Not Science, New Documents Show, 1er juillet 2024