Que recommande la WPATH (World Professional Association for Transgender Health) ?
En France, la plupart des services de genre pour les mineurs se basent sur les 8e « Standards Of Care, SOC » (normes/standards de soins) de la WPATH : Association Professionnelle pour la santé des personnes transgenres. La 8e version de ces SOC a été publiée en sept. 2022.
La WPATH recommande le modèle d'affirmation du genre : « En raison de la stigmatisation historique et actuelle, les personnes TGD [transgenres et de genre divers] peuvent ressentir une détresse ou une dysphorie qui peuvent être traitées grâce à diverses options de traitement affirmant le genre (...) Les interventions d'affirmation du genre comprennent, entre autres, la suppression de la puberté, l'hormonothérapie et les chirurgies d'affirmation du genre. (...) » (p. 9).
Zoom sur le « stress minoritaire »
Contrairement à l'expérience hollandaise (Dutch Protocol), la WPATH explique les très fréquents troubles psychiatriques par le modèle du « stress minoritaire » : l'anxiété, la dépression, la tendance au suicide, les troubles alimentaires, etc., seraient causés par « des taux alarmants de discrimination, de violence et de rejet liés à leur identité de genre ou à leur expression » (Hendrick et Testa, 2012). Selon la WPATH, « Les preuves indiquent que les adolescents TGD présentent un risque accru de difficultés en matière de santé mentale, souvent liés au rejet familial/des aidants, aux environnements communautaires non affirmants et aux facteurs liés à la neurodiversité ».
Quelques remarques
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Des études suggèrent que ces jeunes ont des profils de santé mentale complexes antérieurs à leur dysphorie de genre ou à leur identification à la diversité de genre. L’étude de Kaltiala et al. (2015) mentionne que « parmi ceux qui ont été victimes de harcèlement, 73 % l'ont été avant de réfléchir à leur identité de genre, 8 % après avoir commencé à réfléchir aux questions de genre et 19 % avant et après ».
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La littérature sur le stress minoritaire repose principalement sur des données autodéclarées ne pouvant pas prouver que les problèmes psychiatriques sont causés par la stigmatisation et les préjugés (en savoir plus : Rotten at the Root, Figliolia, City Journal, 1er mars 2024).
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Selon le Cass Review (p. 119) : (...) chez certains individus, des problèmes de santé mentale antérieurs (tels que l'anxiété, la dépression, les TOC, les troubles de l'alimentation) peuvent entraîner une incertitude quant à l'identité de genre et contribuer ainsi à une présentation de détresse liée au genre. Pour d'autres individus, (...) vivre avec cette détresse liée au genre peut être la cause de problèmes de santé mentale ultérieurs. Alternativement, les deux ensembles de conditions peuvent être associés et influencés par d'autres facteurs, y compris les expériences de neurodiversité et de traumatisme.
De manière générale
La WPATH recommande d’affirmer le genre et de proposer en 1re intention des « soins d’affirmation de genre » (apparence physique réglée sur son intime conviction), qui consistent en :
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une transition sociale (changement de prénom, s’habiller avec des vêtements généralement associés à leur sexe opposé) : possible dès 6 ans.
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une transition médicale :
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bloqueurs de puberté (BP) pour les pré-ados (en France, dès 11-12 ans) avec accord des parents : suspend le développement des organes sexuels et des caractères sexuels secondaires (poitrine, voix, pilosité), supprime la production d’hormones sexuelles (principe identique à une castration chimique) ;
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hormones d’affirmation de genre (en France, à partir de 16 ans, avec accord des parents), autre nom : hormones sexuelles contraires, hormones sexuelles croisées ;
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chirurgies de réassignation : chirurgies du visage, du torse (mammectomie) et des organes génitaux internes et externes. (en France : à l'âge adulte, sauf la mammectomie avec accord parental).
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Extraits des recommandations de la WPATH concernant les adolescents. La WPATH :
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recommande aux professionnels de la santé […] d’entreprendre une évaluation biopsychosociale complète […]. (6.3)
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suggère aux professionnels de la santé […] de fournir une éducation sur les bandages thoraciques et le tucking génital [dissimulation des organes génitaux externes], y compris un examen des avantages et des risques. (6.6)
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recommande que lorsque des traitements médicaux ou chirurgicaux d’affirmation de genre sont indiqués pour les adolescents, les professionnels de la santé […] impliquent le(s) parent(s)/tuteur(s) dans le processus d’évaluation et de traitement, à moins que leur implication ne soit jugée préjudiciable à l’adolescent ou irréalisable. (6.11)
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recommande aux professionnels de la santé de recommander les traitements médicaux ou chirurgicaux d’affirmation de genre demandés par le patient uniquement quand : […] L’expérience de diversité/incongruence de genre est marquée et soutenue dans le temps (6.12.b) ; L’adolescent démontre la maturité émotionnelle et cognitive requise pour donner son consentement éclairé au traitement (6.12.c) ; Les problèmes de santé mentale de l’adolescent (le cas échéant) qui peuvent interférer avec la clarté du diagnostic, la capacité de consentir et les traitements médicaux d’affirmation de genre ont été pris en compte. (6.12.d)
Quelques remarques
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Selon le guide de pratique clinique de l'Endocrine society (2017) : « Il a été constaté que la transition sociale contribue à augmenter la probabilité de persistance de la dysphorie de genre. » (page 11/35 guide en format pdf).
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Cette transition sociale était découragée par les auteurs du Dutch protocol (de Vries et Cohen-Kettenis, Clinical Management of Gender Dysphoria in Children and Adolescents: The Dutch Approach, p. 308).
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Dans sa spécification de service pour les mineurs (juin 2023), le National Health Service anglais considère la transition sociale comme « une partie de l’intervention clinique » ; qu’« il est important de reconnaître que [la transition sociale] n’est pas un acte neutre, et que des informations sont nécessaires sur les résultats à long terme pour soutenir la prise de décision. »
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La transition sociale est aujourd’hui encouragée par l’Éducation Nationale, via la Circulaire Blanquer de 2021.
Extrait du rapport final du Cass Review (12.28 à 12.30, p. 163)
« Il y a eu un changement dans les recommandations entre WPATH 7 (2012), qui était plus prudente concernant la transition sociale, et WPATH 8 (2022) qui plaide en faveur de la transition sociale pendant l'enfance.
WPATH 8 justifie ce changement de position sur la base qu'il existe plus de preuves sur l'amélioration des résultats en matière de santé mentale avec la transition sociale, que la fluidité de l'identité est une justification insuffisante pour ne pas effectuer une transition sociale, et que le fait de ne pas permettre à un enfant d'effectuer une transition sociale peut être nuisible.
Cependant, aucune des déclarations de WPATH 8 en faveur de la transition sociale pendant l'enfance n'est étayée par les conclusions de l'examen systématique de l'Université de York (Hall et al., 2024). »
Les « normes de soins » de la WPATH ne font pas consensus et sont critiquées.