Bloqueurs de puberté selon le Cass Review
Le Cass Review est un examen indépendant des services de genre pour mineurs en Angleterre, coordonné par la pédiatre Dr Cass. Il a été commandé en 2020 par le NHS England (système de santé public). Il s'appuie sur sept revues systématiques commandées à l’Université de York, une enquête sur les pratiques internationales, une étude qualitative sur les expériences des patients, et le point de vue de familles et cliniciens.
En avril 2024, le Dr Cass a soumis le rapport final de cet examen au NHS.
Ci-dessous, des extraits du rapport final. (termes surlignés par l'auteure du site). Il se base sur la revue systématique sur les bloqueurs de puberté.
[De manière générale]
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La justification de la suppression précoce de la puberté reste floue, avec peu de preuves concernant l’impact sur la dysphorie de genre et sur la santé mentale ou psychosociale. L'effet sur le développement cognitif et psychosexuel reste inconnu. Présentation du rapport sur la page officielle The Cass Review
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(...) étant donné que les bloqueurs de puberté n'ont des avantages clairement définis que dans des circonstances assez limitées, et en raison des risques potentiels pour le développement neurocognitif, le développement psychosexuel et la santé osseuse à long terme, ils ne devraient être proposés que dans le cadre d'un protocole de recherche. (...). p. 196, 16.38
[Justification de la disponibilité des bloqueurs : p. 32, 80 à 83]
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Le raisonnement initial pour l'utilisation des bloqueurs de puberté était que cela permettrait de gagner du « temps pour réfléchir » en retardant le début de la puberté et améliorerait également la capacité à « passer » plus tard dans la vie. Par la suite, il a été suggéré qu'ils pourraient également améliorer l'image corporelle et le bien-être psychologique.
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La revue systématique réalisée par l'Université de York a trouvé de multiples études démontrant que les bloqueurs de puberté exercent leur effet prévu en supprimant la puberté (...) Cependant, aucun changement dans la dysphorie de genre ou la satisfaction corporelle n'a été démontré. Il y avait des preuves insuffisantes ou incohérentes concernant les effets de la suppression de la puberté sur le bien-être psychologique ou psychosocial (...)
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De plus, étant donné que la grande majorité des jeunes ayant commencé avec des bloqueurs de puberté passent ensuite à des hormones masculinantes/féminisantes, il n'y a aucune preuve que les bloqueurs de puberté permettent de gagner du temps pour réfléchir, et certaines inquiétudes quant à leur capacité à changer la trajectoire du développement psychosexuel et de l'identité de genre.
[Consentement : p. 196, 16.30 et 16.31]
Une fois sous bloqueurs de puberté, [les enfants] entreront dans une période où leurs pairs se développent physiquement et sexuellement alors qu'eux ne le feront pas, et ils peuvent ressentir les effets secondaires du bloqueur. Il n'existe pas d'études solides sur l'impact psychologique, psychosexuel et développemental de cette période de divergence par rapport aux pairs.
Cependant, si un jeune est déjà sous bloqueurs de puberté, il devra prendre la décision de consentir aux hormones masculinisantes/féminisantes à un moment où son développement psychosexuel a été suspendu, et peut-être avec peu d'expérience de sa puberté biologique.
Chapitre 14 : Bloqueurs de puberté
La revue systématique de l’université de York sur ce sujet a identifié 50 études : 1 étude de haute qualité, 25 études de qualité modérée et 24 études de faible qualité, exclues de la synthèse des résultats.
Résumé (p. 179-180)
Il existe de nombreuses études indiquant que les bloqueurs de puberté sont bénéfiques pour réduire la détresse mentale et améliorer le bien-être des enfants et des jeunes atteints de dysphorie de genre, mais comme le démontre la revue systématique, la qualité de ces études est médiocre ("poor").
(..) les affirmations répandues selon lesquelles les bloqueurs de la puberté réduisent le risque de suicide dans cette population peuvent exercer une pression sur les familles pour obtenir un traitement privé.
(..) des médecins généralistes sont mis sous pression pour continuer à prescrire de tels traitements en arguant que ne pas le faire mettrait les jeunes en danger de suicide.
La revue systématique de l'Université de York n'a trouvé aucune preuve que les bloqueurs de la puberté améliorent l'image corporelle ou la dysphorie, et des preuves très limitées en faveur de résultats positifs pour la santé mentale, ce qui, sans groupe témoin, pourrait être dû à l'effet placebo ou au soutien psychologique concomitant.
(...) les pics hormonaux sont une partie normale de la puberté, entraînant des fluctuations d'humeur et de la dépression, cette dernière étant particulièrement présente chez les filles. (...)
Le blocage de ces pics peut atténuer la détresse et améliorer le fonctionnement psychologique à court terme chez certains jeunes, mais cela peut ne pas être une réponse appropriée à l'inconfort pubertaire.
En revanche, un effet secondaire connu des bloqueurs de la puberté sur l'humeur est qu'ils peuvent réduire le fonctionnement psychologique. (...)
Les croyances très fortement ancrées chez certains jeunes et parents/tuteurs selon lesquelles les bloqueurs de puberté sont très efficaces peuvent être attribuées à plusieurs facteurs :
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affirmation soutenue dans articles/études et par certains cliniciens (...)
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les informations (...) sur les avantages perçus, y compris sur les réseaux sociaux
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le fait que les bloqueurs de la puberté sont devenus le point d'entrée et le début d'un parcours de traitement transgenre
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un manque d'informations sur les limites de la base de preuves
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le manque d'autres options offertes pour traiter les symptômes de détresse et d'inconfort corporel.
En raison de cette croyance de l’efficacité des bloqueurs, d'autres traitements (et médicaments) n'ont pas été étudiés/développés, ce qui est préjudiciable pour les enfants et les jeunes. (...)
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Les hommes transgenres se masculinisent bien avec la testostérone, il n'y a donc pas d'avantage évident des bloqueurs de puberté pour les aider à avoir un bon passing plus tard (...)
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Pour les femmes transgenres, il est bénéfique d'arrêter les changements irréversibles tels qu'une voix plus grave et des poils faciaux. Cela doit être équilibré par rapport à l'adéquation de la croissance du pénis pour la vaginoplastie, laissant une petite fenêtre de temps pour atteindre ces deux objectifs.
En résumé, il semble y avoir une indication très étroite pour l'utilisation des bloqueurs de la puberté chez les hommes enregistrés à la naissance comme le début d'un chemin de transition médicale afin d'arrêter les changements pubertaires irréversibles. D'autres indications restent non prouvées à ce stade.
Bénéfices attendus et risques (points 14.21 à 14.45)
Gagner du temps pour réfléchir/explorer
Selon la revue systématique des parcours de soins : 0 à 8 % des jeunes ont interrompu la suppression de la puberté. (...)
Ces données suggèrent que les bloqueurs de puberté n'offrent pas de temps pour réfléchir, étant donné que la grande majorité de ceux qui commencent la suppression de la puberté passent ensuite aux hormones masculinisantes/féminisantes (...). C'est ce constat qui a incité la Haute Cour dans l'affaire Bell vs Tavistock à affirmer que les enfants/jeunes auraient besoin de comprendre les conséquences d'un parcours de transition complet pour consentir au traitement par des bloqueurs de puberté. [voir le jugement en français].
Réduction de la dysphorie de genre/amélioration de la satisfaction corporelle
Seules deux études de qualité modérée ont examiné la dysphorie de genre et la satisfaction corporelle : le protocole néerlandais original (de Vries et al., 2011 et 2014) et l'early intervention study au Royaume-Uni (Carmichael et al., 2021). Aucune des deux n'a signalé de changement avant ou après la suppression de la puberté.
Améliorations psychologiques et de la santé mentale
L'Université de York a conclu qu'il existe des preuves insuffisantes et/ou incohérentes sur les effets de la suppression de la puberté sur la santé psychologique ou psychosociale : mêmes conclusions de l'examen du NICE (2020) et d'autres revues systématiques hormis la revue systématique (Baker et al., 2021 commandée par la WPATH [World Professional Association for Transgender Health], qui a rapporté certains avantages. Mais la différence pourrait provenir du fait que dans cette revue, 8 des 12 études rapportant des résultats psychologiques ont été classées comme de faible qualité. [Le contenu de cette revue a dû être approuvé par la WPATH avant d’être publiée : cette politique d'approbation exigeait que les auteurs de la revue aient « l'intention d'utiliser les données pour promouvoir la santé des personnes trans de manière positive ». En savoir plus : La WPATH a supprimé les preuves (...)].
Il arrive souvent que lorsqu'une intervention est administrée en dehors d'un essai contrôlé randomisé (ECR), un effet de traitement important soit observé, effet qui disparaît parfois lorsqu'un ECR est réalisé, surtout lorsqu'il y a une forte croyance en l'efficacité du traitement. (...)