Les hormones sauvent des vies : faux

Juin 2024

Vrai ou faux ?

Juin 2024

« Les traitements hormonaux sauvent des vies et préviennent le risque de suicide. »

Une étude (Ruuska et al., 2024) a analysé la mortalité par suicide des Finlandais de moins de 23 ans ayant fréquenté les services d’identité de genre, en la comparant avec un groupe contrôle, a conclu que : « la réassignation médicale de genre (transition médicale) n’a pas d’impact sur le risque de suicide ».

Le Cass Review mentionne que « Certains cliniciens se sentent sous pression pour soutenir un parcours médical basé sur des études largement répandues selon lesquelles le traitement d'affirmation de genre réduit le risque de suicide. Cette conclusion n'a pas été étayée par la revue systématique sur les hormones mascul./fémin. » (p. 186, 15.36).
Cette affirmation est contredite par la revue systématique publiée par l'Endocrine Society concernant les effets de l'hormonothérapie sur les résultats psychologiques chez les personnes transgenres (Baker et al., 2021) : « Il était impossible de tirer des conclusions sur les effets de la thérapie hormonale sur la mort par suicide ».

Les études fréquemment citées pour justifier une baisse du risque de suicide chez les jeunes recevant des bloqueurs de puberté ou hormones sexuelles croisées sont débunkées :

Pubertal Suppression for Transgender Youth and Risk of Suicidal Ideation, Turban et al., mars 2020. Qualité faible par la revue systématique Taylor et al. 2024.

Critiqué par Biggs : Puberty Blockers and Suicidality in Adolescents Suffering from Gender Dysphoria. Le Dr Turban n’a pas répondu à cette critique dans le domaine scientifique, mais est allé sur le circuit médiatique pour promouvoir ses conclusions : il a publié une chronique sur ses implications pour la politique de santé dans le New York Times (avril 2020).

Review: Puberty blockers for transgender and gender diverse youth – a critical review of the literature, Rew et al., janv. 2021

Critiqué par Clayton et al. dans la même revue : Commentary: The Signal and the Noise (...) et par SEGM, The Signal—and the Noise—in the Field of Gender Medicine.

Access to gender-affirming hormones during adolescence and mental health outcomes among transgender adults, Turban et al., janvier 2022. Étude à partir d’une d’une vaste enquête en ligne (US Transgender Survey 2015) auprès d’Américains qui se sont identifiés comme transgenres, non binaires ou travestis.

Critiqué par Biggs, sous forme de commentaire sous l'étude, et par Singal dans son article "Science Vs ..." du 10 juin 2022, traduit en français, pages 21 et 28 (il commente longuement l’enquête USTS). Qualité faible par la revue systématique Taylor et al. 2024.

Association of Gender-Affirming Hormone Therapy With Depression, Thoughts of Suicide, and Attempted Suicide Among Transgender and Nonbinary Youth, Green et al., 2021. Données collectées à partir d’une enquête en ligne (échantillon non probabiliste) de 2020 (Trevor Project). Les répondants ont rempli un questionnaire en ligne. Les auteurs notent que : « la causalité ne peut pas être déduite en raison de la conception transversale de l'étude ». Qualité modérée par la revue systématique Taylor et al. 2024

Critiqué par Sapir, The Distortions in Jack Turban’s Psychology Today Article on ‘Gender Affirming Care’, Reality’s last stand, 7 octobre 2022, étude 14, en français

Psychosocial Functioning in Transgender Youth after 2 Years of Hormones, Chen et al.., janvier 2023

Étude très largement citée pour démontrer l’efficacité des soins d’affirmation de genre. Il y est mentionné que l'événement indésirable le plus courant était l'idéation suicidaire (11 participants [3,5 %]) et que deux participants [0,6 %] se sont suicidés, alors que la suicidabilité au début de l'étude était l'un des critères d'exclusion. Les chercheurs ont exclu la plupart des variables clés dont ils avaient émis l’hypothèse qu’elles s’amélioreraient sous l’effet des hormones, et introduit de nouvelles variables.

La plupart des améliorations constatées dans la cohorte ont été modestes. Il est impossible d’attribuer les améliorations observées aux hormones plutôt qu’à d’autres formes de traitement pratiquées dans ces cliniques. La seule amélioration importante concerne une variable qui n’a peut-être pas beaucoup d’importance (congruence de l’apparence), nouvellement ajoutée par les chercheurs.

Critiqué par Jesse Singal, dans deux articles regroupés en un seul et traduit en français, et par Ferguson, Does Gender-Affirming Medicine Help Trans-Identifying Youth ? The importance of transparency in research on trans care, Psychology Today, 7 avril 2023.

Mental Health Outcomes in Transgender and Nonbinary Youths Receiving Gender-Affirming Care ; Tordoff et al, fév. 2022.

Étude qui a déduit une grande amélioration de la santé mentale (en réalité : état stable) par rapport à la détérioration de ceux ne recevant pas ces médicaments, sans prendre en compte le fait qu'ils avaient perdu 80 % de leur cohorte « non traitée » à la fin de l'étude (on ne sait donc rien des 80 % de ce groupe qui ne sont pas revenus à la clinique de genre). Qualité faible par la revue systématique Taylor et al. 2024.

Critiqué par Singal dans 3 articles : Researchers Found (...) avril 22, Science Vs (...) , 10 juin 2022, traduit en français (pages 3 et 4), The University of Washington (...) (en français), 21 sept 2022, par Abbruzzese, Levine et Mason, The Myth of “Reliable Research” (...) (janv 2023)

Pour en savoir plus sur le risque de suicide chez les jeunes s'identifiant trans et le lien entre thérapie hormonale et risque de suicide :

Cass Review : extraits en français sur cette thématique

Leor Sapir :

fil twitter : 10 points-clés, traduit en français : 19 mai 2023
Autre fil twitter, traduit en français : 1er mars 2023
Reckless and Irresponsible, Leor Sapir, City Journal, 17 mars 2023
Pediatric Gender Medicine and the Moral Panic Over Suicide, Leor Sapir, Reality’s Last Stand, 19 juillet 2022, voir traduction en français