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Transidentité et autisme : réaction d’AUTOP-H

Réaction d'AUTOP-H, dysphorie de genre

Le 11 juin 2025, le Centre de Ressources Autisme (CRA) Alsace organisait une journée sur transidentité et autisme : Accueillir et accompagner les personnes trans autistes. Parmi les interventions figurait celle de Mme Claire Vandendriessche, (Dés)information sur les soins de santé des mineur·es trans : démêler le vrai du faux, dont les propos ont suscité des réactions au sein du milieu associatif.


En réponse à cette intervention, la fédération AUTOP-H a adressé un courrier argumenté au CRA Alsace.

Cette fédération, 1ère fédération, créée en France, par des associations représentatives d'associations de personnes handicapables, siège au Conseil National des Personnes Handicapées (CNCPH) ainsi qu’au Conseil National de la Stratégie pour les Troubles du Neurodéveloppement. Elle regroupe notamment les associations PAARI, HANDI-VOICE,  PAIRS-TND, et Avenir des Possibles, avec le soutien actif de l’association Nous Aussi.


Dans sa lettre, AUTOP-H ne remet nullement en cause la légitimité des personnes trans ni la pertinence de certains parcours de transition. Il ne s’agit pas non plus d’une opposition de principe aux interventions médicales liées à la transition. Mais la fédération appelle à davantage de prudence, de nuances et de pluralisme, en particulier dans les espaces institutionnels comme les CRA.

AUTOP-H invite ainsi le CRA à une réflexion partagée, fondée sur le dialogue et l’inclusion de points de vue diversifiés.

➥ Analyse d'AUTOP-H concernant les propos de Mme Vandendriessche lors de la journée transidentité et autisme

Tout au long de son intervention, Mme Vandendriessche adopte une posture très engagée, opposant de manière tranchée les approches transaffirmatives à toute forme de prudence scientifique ou éthique, présentée comme une « idéologie anti-trans ».Ce type de polarisation, souligné comme problématique par le Cass Review rend difficile un débat apaisé et constructif sur les meilleures façons d’accompagner les mineurs concernés.

 Sommaire

A. Faits essentiels non abordés

B. Contre arguments point par point

A. Faits essentiels non abordés

1.     Les recommandations du Cass Review

Le Cass Review, dont le rapport final a été publié en avril 2024, constitue à ce jour l’évaluation la plus importante de la prise en charge des mineurs présentant une dysphorie de genre. Fondé sur une évaluation complète des preuves, une large implication des parties prenantes décrite dans le chapitre 1 (patients, familles, professionnels), et une étude qualitative.

Le rapport recommande une approche à la fois individualisée et globale, prenant en compte l’ensemble du vécu et du contexte personnel de chaque jeune, au-delà de la seule question de l’identité de genre. Il souligne que la détresse liée au genre, les troubles neurodéveloppementaux (comme l’autisme) et les troubles de santé mentale sont fréquemment intriqués, et doivent être abordés de manière coordonnée et non cloisonnée. Cette perspective contraste nettement avec l’orientation que semblent suivre les futures recommandations de la Haute Autorité de Santé (à l’étape de relecture en novembre 2024).

Le gouvernement travailliste britannique a annoncé la mise en œuvre progressive des recommandations issues de cet examen.

Divers parcours selon les présentations, transidentité mineurs, dysphorie de genre

Le rapport final souligne notamment les défis liés à la décision clinique, au-delà de la question de la capacité de consentement, en identifiant deux autres préoccupations :

  • Déterminer les options de traitement appropriées

« En fonction de ce qui a causé sa détresse ou sa dysphorie, celle-ci peut être résolue par un traitement médical, mais elle peut aussi être résolue par d’autres manières ». (16.38). La décision de traitement pose d’importants enjeux éthiques étant donné que le cerveau continue de mûrir jusqu’à 25 ans, période où l’identité de genre peut encore évoluer (Cass Review, 16.10), et que de nombreux professionnels consul$és par l’Examen se disent incapable prédire quels jeunes bénéficieront d’une transition et lesquels risquent de la regretter ou de détransitionner (16.11).

Des études récentes (Sapir, 2024, ; Bachmann et al., 2024, Rawee et al. 2024) suggèrent que la dysphorie/l’insatisfaction liée au genre à l’adolescence peut, dans certains cas, évoluer au fil du temps.

 

  • Informations à donner au patient pour un consentement réellement éclairé

Selon le Cass Review (16.14, 16.18) : « Les revues systématiques [commandées par le Cass review] […] ont montré […] qu’il n’existe pas de preuves solides pour soutenir l’utilisation des bloqueurs de puberté et des hormones masculinisantes/féminisantes chez les adolescents, et les avantages et les risques associés à ces traitements sont inconnus. […] Le devoir de communication d’informations est compliqué par de nombreux éléments inconnus concernant les impacts à long terme des bloqueurs de puberté et/ou des hormones masculinisantes/féminisantes ».

Le Cass Review, ainsi que les revues systématiques qui ont étayé ses recommandations, a fait l’objet de critiques (McNamara et al., 2024, Noone et al. 2024), comme c’est souvent le cas pour des travaux de cette ampleur. Plusieurs analyses (Cass et al., 2025, Cheung et al, 2024, McDeavitt et al., 2025, Singal, 2024, Sapir, 2024, ont répondu à ces critiques.

Ce rapport n’est bien sûr pas parfait, et il ne prétend pas être la conclusion définitive sur un sujet aussi complexe. Il reflète l’état des connaissances scientifiques à un moment donné, avec ses limites. Mais une partie des critiques formulées semble surtout mettre en cause la rigueur même de sa démarche : en appliquant strictement les principes de la médecine fondée sur les preuves à un domaine où ils ont été peu utilisés jusqu’ici, le Cass Review a surtout mis le doigt sur les faiblesses d’un ensemble d’études encore peu solides.

2.     Le faible niveau de preuves des traitements endocrinien chez les mineurs

Mme Vandendriessche mentionne l’absence de preuve d’efficacité des approches alternatives aux interventions endocriniennes, mais ne mentionne pas la faiblesse des preuves.

Les principales revues systématiques des preuves (regroupées dans l’article de Mc Deavitt et al., 2025) concluent à une certitude faible ou très faible concernant les effets psychosociaux et résultats de santé mentale des bloqueurs de puberté et hormones sexuelles croisées[1]. Cela signifie que « l’effet réel pourrait être/est probablement très différent de l’effet estimé ». Ces bénéfices incertains doivent être mis en balance avec les certains effets irréversibles de ces traitements et des risques sérieux : infertilité, complications osseuses, cardiovasculaires, dysfonctions sexuelles, effets cognitifs encore inconnus à long terme (en savoir plus : McDeavitt et al., 2025).

 

Ce n’est pas par idéologie/transphobie que le ministère de la Santé britannique (2024) a estimé que « la prescription continue de bloqueurs de puberté aux enfants présente actuellement un risque inacceptable pour la sécurité ».

De même, ce n’est pas sans fondement que des pays comme la Suède, la Finlande, l’Italie, la Nouvelle-Zélande, le Brésil ou le Chili ont/sont entrain de restreindre l’accès à ces traitements pour les mineurs. Ces décisions s’appuient sur des réévaluations rigoureuses des données scientifiques disponibles, et sur le constat que les bénéfices espérés ne justifient pas les risques encourus.

C’est pour ces raisons que l’European Society of Child and Adolescent Psychiatry (ESCAP, avril 2024) appelle « à ne pas promouvoir des traitements expérimentaux et inutilement invasifs avec des effets psychosociaux non prouvés et, par conséquent, à respecter le principe primum-nil-nocere ».

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3.     Suppression de preuves : plusieurs revues systématiques non publiées par la WPATH

Mme Vandendriessche affirme qu’en matière de soins aux personnes trans, « il y a en effet une liberté de prescription du médecin, dans les limites des données acquises de la science ». Elle indique que ces données font l’objet d’« un consensus international des professionnel·les de la santé trans, réunis autour de la WPATH », qui a publié en 2022 la 8e version de ses Standards of Care (SOC8).

 

Elle ne mentionne toutefois pas la perte de crédibilité majeure de cette organisation à la suite de la publication, en juin 2024, de communications internes assignés à comparaître dans le cadre d’un procès aux États-Unis (Boe c. Marshall, Alabama), qui mettent en cause la transparence et l’indépendance scientifique de ses recommandations.

 

Ces documents judiciaires montrent que la WPATH avait mandaté l’université Johns Hopkins pour produire au moins dix revues systématiques portant sur 13 questions de recherche, dans le but de fonder scientifiquement les SOC8 (ce qui montre une démarche de directives fondées sur des preuves).

Or, les communications internes révèlent que la WPATH a exercé un contrôle éditorial sur ces travaux, en posant comme condition à leur publication qu’ils « fassent progresser la santé des personnes transgenres de manière positive » (pièce à conviction 1, p. 6 à 11/15).

Selon ses propres termes, ces revues étaient considérées comme « la propriété de la WPATH » affirmant que « la recherche doit être scrutée et examinée en profondeur pour s’assurer que la publication n’affecte pas négativement la prestation de soins de santé pour les personnes transgenres » (pièce à conviction 1 p. 14/15).

 

En conséquence, seule une minorité de ces revues a été publiée, alors que les chercheurs indiquent avoir conduit « des dizaines » d’évaluations (pièce à conviction 173, p. 25/42). Aucune ne concerne spécifiquement les mineurs, bien qu’au moins une revue ait été réalisée sur ce sujet. Celle-ci a conclu, selon l’équipe chargée de réaliser ces évaluations « peu à pas de preuves » concernant l’efficacité des traitements hormonaux chez les jeunes (pièce à conviction 173, p. 23/142).

 

Par ailleurs, dans son chapitre sur les adolescents (SOC8), la WPATH affirme qu’une revue systématique n’est « pas possible » sur cette population. Elle recommande néanmoins les bloqueurs de puberté et les hormones sexuelles croisées, en citant des études favorables, sans mentionner que celles-ci ont été évaluées comme ayant un niveau de preuve faible dans l’une des deux revues systématiques publiées (Baker et al., 2021).

→ Pour une analyse détaillée des pièces à conviction, voir cette page.

 

4.     L’échec des tentatives de réplication des résultats du Dutch Protocol

La transition médicale des mineurs trouve son origine dans une expérience innovante menée aux Pays-Bas (le « Dutch Protocol »), où des adolescents ont reçu successivement des bloqueurs de puberté, des hormones sexuelles croisées, puis une chirurgie. Les résultats de cette expérience ont été publiés dans deux études (2011 et 2014) concluant à une amélioration du bien-être psychologique. Sur cette base, cette approche est rentrée dans la pratique clinique, sans les recherches rigoureuses nécessaires pour confirmer des bénéfices psychologiques robustes et durables.

 

Pourtant, les résultats de cette étude fondatrice n’ont pas pu être reproduits. Deux tentatives majeures de réplication ont échoué :

  • Au Royaume-Uni (Carmichael et al., 2021) : les résultats préliminaires en 2015-2016 n’ont pas démontré de bénéfices. Les résultats de l’étude n’ont été officiellement publiés qu’en 2020 (les auteurs ayant eu des réticences à publier).

  • Aux États-Unis (Olson-Kennedy et al., 2025 en version pre-print) : aucun bénéfice constaté sur la dépression ou la santé émotionnelle ; la responsable a reconnu ne pas vouloir publier des résultats négatifs de peur qu’ils soient instrumentalisés (New York Times, 23 oct. 2024).

 

De nombreux chercheurs (ex. Abbruzzese et al., 2023) critiquent les faiblesses méthodologiques des études initiales et l’inapplicabilité du protocole au profil de la population actuelle. Ils décrivent une « diffusion incontrôlée » d’une expérience innovante, sans validation clinique rigoureuse.

Le Cass Review confirme cette description :

« Il faut souvent de nombreuses années avant que des résultats de recherche fortement positifs ne soient intégrés à la pratique. […] C’est tout le contraire qui s’est produit dans ce domaine. Sur la base d’une seule étude néerlandaise suggérant que les bloqueurs de puberté pourraient améliorer le bien-être psychologique d’un groupe étroitement défini d’enfants présentant une incongruence de genre, la pratique s’est répandue rapidement dans d’autres pays. […] et à un groupe plus large d’adolescents qui n’auraient pas répondu aux critères d’inclusion de l’étude néerlandaise originale ». (p. 13)

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B. Contre arguments point par point

1.     Sur la composition du groupe de travail de l’HAS

Claire Vandendriessche évoque les critiques adressées à la composition des groupes de travail de la HAS (pour les plus de 16 ans) en soulignant que « les groupes de travail incluent des personnes trans expertes ». Elle écrit que « la présence de celles-ci a été dénoncée comme un biais ». Elle qualifie également de « promotrices des thérapies de conversion anti-trans » certaines organisations ayant exprimé des désaccords avec la composition de ces groupes et ayant demandé leur dissolution ».


La participation du tissu associatif est légitime et précieuse dans un cadre de démocratie sanitaire. Cependant, l’analyse des membres du groupe de travail (identifiés via le site des Déclarations publiques d’intérêts) montre une représentation largement homogène, promouvant une seule approche.

En effet, parmi les 30 membres identifiés, 21 ont exprimé publiquement leur soutien à une approche transaffirmative, souvent dans une perspective militante.


Les 9 autres ne se sont pas exprimés publiquement en faveur d’une approche prudente, et aucun d’entre eux n’a manifesté une position divergente.

Au moins dix membres sont affiliés à six associations communautaires trans partageant les mêmes revendications, certains y occupant des fonctions de responsabilité.

Une seule association (Ypomoni) aux positions plus prudentes a été brièvement représentée, sa déléguée ayant rapidement démissionné, en situation d’isolement au sein du groupe.


Ce qui soulève question ici, c’est l’homogénéité des points de vue représentés et l’absence de controverse structurée, qui limite la capacité du groupe à faire émerger une véritable délibération contradictoire.


Il est par ailleurs important de rappeler que, dans la version provisoire des futures recommandations de la HAS (novembre 2024), la majorité des propositions formulées reposent sur un « accord d’experts », c’est-à-dire l’avis du groupe de travail en l’absence de preuves scientifiques solides. Or, ce groupe étant composé de membres partageant majoritairement la même approche, l’homogénéité des positions exprimées limite la diversité des approches.

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2.     Sur la croissance des cas

Mme Vandendriessche conteste l’idée d’une augmentation marquée des prises en charge, affirmant que « cette « croissance exponentielle », [est] pourtant inexistante en France ». Elle précise également : « Loin de ce qu’on peut entendre dans la presse sur une « explosion » ou sur cette « croissance exponentielle » de mineur·es trans, une trentaine de demandes de prise en charge annuelle, ce n’est pas tant que ça. C’est un chiffre cohérent avec la population estimée de mineur·es trans pris en soins, évaluée en 2020 par l’Assurance Maladie à 294 mineur·es sur toute la France. »

Ce chiffre correspond effectivement aux données de l’Assurance maladie : 294 mineurs étaient bénéficiaires d’une affection de longue durée (ALD) pour transidentité en 2020, contre seulement 8 en 2013. Cela représente une multiplication par près de 37 en l’espace de sept ans, soit un taux de croissance annuel moyen supérieur à 67 %. 

Cette évolution peut être qualifiée de forte augmentation, de type exponentiel entre 2013 et 2020.

 

3.     Sur le ROGD : Dysphorie de genre à apparition rapide

Le concept de rapid-onset gender dysphoria (ROGD) a été introduit en 2018 par la chercheuse Lisa Littman, dans une étude exploratoire s’appuyant sur les témoignages de parents rapportant une apparition soudaine de dysphorie de genre chez leur adolescent·e, souvent après une exposition intensive à des contenus trans en ligne ou dans leur entourage. Littman présente cette hypothèse comme descriptive, portant sur un sous-groupe spécifique de jeunes, et reconnaît d’emblée les limites méthodologiques de son étude : échantillon auto-sélectionné, données exclusivement parentales, absence de validation externe. Elle appelle à des recherches complémentaires.

Son étude a suscité des critiques vives, notamment en raison de la nature des données (fondées exclusivement sur les récits de parents), et a été temporairement retirée avant d’être réévaluée et republiée avec des corrections mineures.

 

Débat sur la légitimité des témoignages parentaux

Selon Mme Vandendriessche, « l’influence des pairs et des réseaux sociaux sur l’identification transgenre » est « une hypothèse qui a émergé de l’analyse de discours de parents d’ados trans opposés à leur transition, elle n’a donc aucune validité ».

Ce positionnement soulève la question de la recevabilité scientifique des récits parentaux exprimant des inquiétudes ou des doutes, dès lors qu’ils ne s’inscrivent pas dans une logique affirmatrice. Certaines trajectoires pourraient pourtant mériter une investigation rigoureuse, sans être disqualifiées a priori en raison du profil ou du positionnement des parents interrogés.

 

Débats autour de l’hypothèse du ROGD

Plus loin, Mme Vandendriessche affirme que « L’hypothèse [ROGD] elle-même a été testée dans un échantillon clinique d’adolescents trans, et n’a pas pu être prouvée ; en particulier, les jeunes trans qui discutaient avec leurs pairs n’avaient pas une santé mentale détériorée, bien au contraire ».

Ce point s’appuie sur l’étude de Bauer et al. (2022), qui conclut à l’absence de lien entre l’émergence récente de la transidentité et une détérioration de la santé mentale. Cependant, cette interprétation a été critiquée dans une lettre à l’éditeur par Lisa Littman et Joanne Sinai, qui estiment que les auteurs de l’étude n’ont pas réellement étudié le phénomène décrit par le terme rapid-onset gender dysphoria (ROGD). Littman souligne que l’étude utilise une définition inadéquate du ROGD, fondée sur une simple « prise de conscience récente » de l’identité de genre, sans lien avec le début de la puberté ni avec une absence de signes antérieurs. Elle considère donc que les résultats de Bauer ne permettent pas de tirer de conclusions valides concernant l’existence ou non du ROGD.

 

Par ailleurs, l’étude de Turban (2023), souvent citée pour invalider le ROGD, repose elle aussi sur des données auto-déclarées issues de l’U.S. Transgender Survey 2015, un questionnaire diffusé en ligne via des réseaux militants, les réponses reposant exclusivement sur les déclarations des participants, sans confirmation par des dossiers médicaux ni validation par un professionnel de santé. Dans une lettre à l’éditeur, Sapir, Littman et Biggs ont contesté les conclusions de Turban, estimant que ses propres données soutiennent en réalité la présence du profil ROGD chez une partie des jeunes.

 

Un champ de recherche en développement

  • L’étude de Littman a été reprise et discutée dans plusieurs publications (Bonfatto & Crasnow, 2018 ; Hutchinson et al., 2020 ; Elkadi et al., 2023), et le profil ROGD fait désormais l’objet d’un intérêt croissant.

  • Une étude récente de Dias et Bailey (2023), portant sur 1 655 parents, décrit également des cas de dysphorie survenant rapidement chez des jeunes exposés à des contenus transaffirmatifs. Bien que cette étude ait été rétractée à la suite de pressions exercées par certains professionnels et militants, officiellement pour des raisons éthiques (absence de consentement formel), elle n’a fait l’objet d’aucune réfutation méthodologique publiée dans une revue à comité de lecture. Les critiques méthodologiques qui lui sont opposées (entre autres : auto-sélection) sont comparables à celles que l’on pourrait adresser à d’autres études fréquemment citées en faveur de l’approche transaffirmative, notamment, comme le souligne Mme Vandendriessche elle-même, les études de Turban et al. (2019, 2020, 2021, 2022, 2023).

 

Reconnaissance partielle dans les Standards of Care de la WPATH

Même la WPATH, dans ses Standards of Care v8, reconnaît que de nombreux adolescents demandent une transition sans antécédents de diversité de genre durant l’enfance (chap. 6, p. 545). Elle souligne également (déclaration 6.11, p. 568) que « l’émergence soudaine d’une identité de genre non conforme et la demande rapide de traitements peuvent soulever des questions cliniques importantes. Elle souligne que le témoignage des parents peut fournir un contexte essentiel dans de tels cas, notamment lorsque l’on suspecte une influence excessive des pairs ou des réseaux sociaux sur la perception de genre du jeune ».

 

Des voix trans en faveur de la prudence

Cette reconnaissance d’un possible rôle de l’environnement social est également partagée par des figures reconnues du milieu médical spécialisé dans la santé transgenre comme Marci Bowers, ex-présidente de la WPATH, et Erica Anderson, ex-présidente de l’USPATH, toutes deux transgenres. Bowers a reconnu que « nier toute influence des pairs sur certaines décisions revient à méconnaître le comportement humain », tandis qu’Anderson alerte sur des diagnostics de dysphorie posés trop rapidement, parfois en réponse à une détresse psychologique plus large.

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4.     Sur le taux de désistance des enfants

Des taux élevés de « désistance », soit la résolution naturelle de la dysphorie de genre/troubles de l’identité de genre sans intervention médicale, ont été observés dans les études anciennes, portant sur des enfants qui n’avaient pas fait de transition sociale (Ristori et Steensma, 2016).


Accusation de thérapie de conversion

Mme Vandendriessche remet en question l’étude de Drummond et al. (2008), menée sous la direction de Kenneth Zucker, en suggérant que le taux élevé de désistance (88 %) observé dans cette cohorte serait le fruit d’une approche clinique relevant de la « thérapie de conversion ».


Pourtant, les enfants suivis dans cette étude, souvent non conformes aux normes de genre et majoritairement homosexuels, sont (très probablement) devenus des adultes non conformes aux normes de genre et majoritairement homosexuels. Difficile, dans ce cas, de parler de « conversion ».Mme Vandendriessche rapporte que Kenneth Zucker recommandait un traitement visant à « réduire les risques de persistance » de la dysphorie de genre. Or, c’est également l’objectif déclaré des traitements hormonaux actuels, qui visent à atténuer la dysphorie ressentie par les jeunes. La fermeture de la clinique de Zucker en 2015 a résulté de très importantes pressions militantes, relayées par des accusations infondées. Une enquête indépendante n’a relevé aucune faute déontologique, même si elle pointe un retard dans l’évolution des pratiques de sa clinique, et Zucker a gagné son procès en diffamation contre le Toronto Star, qui a publié une rétractation.

 

Par ailleurs, Kenneth Zucker (2018) défend la validité scientifique des deux principales études de suivi longitudinal de sa clinique (Drummond et al., 2008 ; Singh, 2012), également citées par Ristori et Steensma (2016). Il montre que, même après avoir appliqué a posteriori des critères plus stricts correspondant au DSM-5, 67,2 % des filles suivies dans l’étude de Drummond ont vu leur dysphorie disparaître sans recours à une transition médicale.

 

Remise en cause des anciens diagnostics (TIG)

Mme Vandendriessche affirme que les enfants inclus dans ces anciennes études étaient « enfants non-conformes au genre d’assignation, et non des enfants trans », en raison des critères alors utilisés pour diagnostiquer un trouble de l’identité de genre (DSM-III/IV), qui « ne considère pas comme nécessaire le fait de s’identifier à un genre différent de celui assigné à la naissance, qui est pourtant la caractéristique de définition de ce qu’est une transidentité ».


Or, ces critères incluaient tout de même un « désir intense d’être, ou insistance sur le fait d’être, de l’autre sexe », une expérience fréquemment rapportée aujourd’hui par les enfants se disant trans. Les comportements observés (rejet corporel, souhait de changer de sexe, expression de genre atypique) sont restés comparables.Requalifier ces enfants comme « non trans » sur la base de leur trajectoire future revient à définir la transidentité a posteriori, en fonction de son issue. Ce raisonnement pose un problème de cohérence : selon la même logique, faudrait-il considérer qu’une personne ayant détransitionné n’a jamais été « vraiment trans » ?

 

Concernant le chiffre de 2,5 % avancé par Mme Vandendriessche

Enfin, Mme Vandendriessche cite une étude récente (Olson, 2022) concluant à un taux de désistance de seulement 2,5 %. Mais elle ne précise pas que tous les enfants inclus avaient déjà entamé une transition sociale au moment de l’inclusion, ce qui les distingue nettement des cohortes des études plus anciennes. Cette étude ne contredit donc pas les données antérieures ; elle met plutôt en évidence une forte corrélation entre transition sociale et persistance de l’identité trans.

 

Le Cass Review souligne, dans ce contexte, que si « aucun lien de causalité n’a pu être établi entre transition sociale et persistance de la dysphorie à partir de ces études » (12.34), « une transition sociale précoce pourrait modifier la trajectoire de l’identité de genre des enfants présentant une incongruence de genre. C’est pourquoi une approche plus prudente devrait être envisagée pour les enfants plutôt que pour les adolescents » (12.36).

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5.     Sur l’assimilation des psychothérapies de première intention à des « thérapies de conversion »

Mme Vandendriessche affirme que « « La psychothérapie de première intention présente […] clairement son but d’effacer la transidentité des jeunes trans, d’éradiquer leur diversité de genre, que ces enfants y consentent ou non ».


Cette affirmation, très générale, peut entretenir une confusion entre des approches psychothérapeutiques prudentes, qui visent à accompagner un jeune dans l’exploration de sa détresse, et des pratiques coercitives cherchant à nier ou supprimer son identité.

Or cette distinction est essentielle. Le Cass Review a mis en garde contre cette confusion :

  • Il souligne que « le rôle des thérapies psychologiques a été éclipsé par un débat inutilement polarisé autour des pratiques de conversion » (11.4), alors même que les jeunes avec une dysphorie de genre rencontrent souvent « divers défis psychosociaux complexes et/ou des problèmes de santé mentale affectant leur détresse liée au genre », dont l’exploration est « essentielle pour établir un diagnostic, un soutien clinique et une intervention adaptée » (11.5).

  • Le rapport rappelle que l’objectif des interventions psychologiques n’est pas de « modifier la perception que la personne a d’elle-même », mais de « l’aider à atténuer sa détresse, qu’elle choisisse ou non une voie médicale » (11.6).

  • Il précise également qu’« aucune formation scientifique en psychothérapie, psychologie ou psychiatrie ne promeut la thérapie de conversion » (11.7) et que cette confusion suscite de l’inquiétude chez certains professionnels, qui craignent d’être mis en cause pour des prises en charge classiques (17.20).

 

En France, cette distinction a également été prise en compte dans la loi interdisant les thérapies de conversion, qui précise que l’infraction « n’est pas constituée lorsque les propos répétés invitent seulement à la prudence et à la réflexion, eu égard notamment à son jeune âge, la personne qui s’interroge sur son identité de genre » (Article 225-4-13 du Code pénal).

 

L’étude citée à l’appui de cette assimilation présente d’importantes lacunes méthodologiques

L’étude citée par Mme Vandendriessche (Turban et al., 2019) affirme que l’exposition à des thérapies de conversion dans l’enfance serait associée à un risque quatre fois plus élevé de tentative de suicide à l’âge adulte. Mais cette étude présente des limites méthodologiques majeures :

  • Les données proviennent de l’U.S. Transgender Survey (2015) évoquée dans la partie « ROGD » un questionnaire en ligne diffusé par des associations militantes, sans échantillonnage représentatif ni vérification clinique des réponses.

  • Les questions employées ne permettent pas de faire la distinction entre une approche psychothérapeutique prudente, où le professionnel prend du temps pour explorer les difficultés du jeune, et des pratiques réellement coercitives.

  • L’état psychologique initial des participants n’est pas pris en compte, ce qui peut fausser les conclusions : par exemple, si un adolescent très anxieux ou dépressif consulte et que son thérapeute décide, pour cette raison, de ne pas prescrire immédiatement des hormones, cette démarche sera classée comme « thérapie de conversion » dans l’étude, alors que c’est justement l’état de détresse du jeune qui a conduit le professionnel à différer l’étape médicale. Si cet adolescent a déjà fait une tentative de suicide ou continue à aller mal, l’étude conclura que c’est la « thérapie de conversion » qui en est la cause, alors que le lien de cause à effet est inversé.

 

Ces limites ont été soulignées dans une lettre à l’éditeur de D’Angelo et al. (2020).

 

Un manque de preuves, possiblement lié à un déficit de recherches

Mme Vandendriessche souligne aussi, à juste titre, l’absence de preuve solide d’efficacité des psychothérapies d’exploration. Ce constat est confirmé par la revue systématique de Heathcote et al. (2024), conduite dans le cadre du Cass Review, qui note l’insuffisance et la faible qualité des données disponibles sur les interventions psychologiques.

Mais cette faiblesse reflète surtout un manque d’études : cette revue n’a identifié que dix études portant sur les interventions psychologiques, contre 50 portant sur les bloqueurs de puberté et 51 portant sur les hormones sexuelles croisées.


Le Cass Review déplore ce déséquilibre : « L’accent mis sur les bloqueurs de puberté et les croyances concernant leur efficacité a probablement conduit à négliger l’étude et le développement d’autres traitements (et médicaments) pour soutenir cette population, ce qui nuit davantage aux enfants et jeunes concernés » (14.54).

 

Des thérapies ayant fait leurs preuves pour les troubles associés

Enfin, le manque de données spécifiques à la dysphorie de genre ne signifie pas que les psychothérapies soient sans utilité Le Cass Review rappelle que, « de nombreuses thérapies psychologiques reposent sur des preuves solides pour traiter, dans la population générale, des troubles fréquents dans ce groupe comme l’anxiété ou la dépression » Elles doivent rester accessibles aux jeunes concernés, au même titre qu’aux autres adolescents présentant les mêmes difficultés.

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6.     Concernant les bloqueurs de puberté

Une comparaison inappropriée entre usages médicaux différents

Mme Vandendriessche écrit que « les bloqueurs de puberté sont utilisés depuis encore plus longtemps chez quantités d’enfants cisgenres ayant une puberté précoce sans que cela pose question », ce qui laisse entendre qu’une différence d’approche vis-à-vis de leur usage chez les jeunes trans relèverait d’un traitement inéquitable. Mais cette comparaison repose sur des usages médicaux très différents :

  • Chez les enfants présentant une puberté précoce (avant 9 – 10 ans), les bloqueurs sont utilisés pour retarder une puberté anormalement avancée, afin de permettre un développement pubertaire dans des délais physiologiques. Ils sont autorisés (AMM) dans ce cadre, que l’enfant soit « cis » ou « trans », car leurs effets à long terme ont été bien étudiés et jugés rassurants : leur profil bénéfice/risque est bien documenté.

  • Chez les enfants présentant une dysphorie de genre, les bloqueurs sont utilisés pour empêcher un développement pubertaire. Leur utilisation dans ce contexte est hors AMM, car leurs effets sur le développement neurocognitif, la sexualité et l’identité, qui se construisent activement à cette période, demeurent incertains. Comme l’explique le Dr Cass dans un entretien « nous ne savons tout simplement pas ce qui se passe si vous mettez des freins sur tout cela ».

 

Bloqueurs de puberté pris pour une puberté précoce : jusqu’à 11-12 ans max.

AMM

Bloqueurs de puberté pour une dysphorie de genre, de 12 à 16 ans Hors AMM

Aucun impact sur la fertilité.

Impact sur la fertilité si cela est suivi par des hormones sexuelles croisées, ce qui est le cas la majorité des jeunes concernés.

Ne supprime pas le désir sexuel durant la puberté naturelle (puisqu’ils ne sont pas donnés durant cette période).

Supprime le désir sexuel durant la puberté naturelle (12 à 16 ans).

Pas d’impact long terme sur le développement cognitif et osseux.

Effets à long terme sur le développement cognitif et osseux : incertains.

 

Interprétation discutable du taux important de passage des bloqueurs aux hormones

Mme Vandendriessche affirme, à propos de l’étude d’Amsterdam, que le fait que les jeunes ayant reçu des bloqueurs de puberté soient ensuite passés aux hormones sexuelles montre « qu’il n’y a pas eu d’erreur d’évaluation diagnostique ».


Mais cette interprétation omet un point central souligné par le Cass Review : « la maturation cérébrale peut être temporairement ou définitivement perturbée par l’utilisation de bloqueurs de la puberté » (14.38). Or, cette maturation est précisément ce qui permet à l’adolescent de prendre du recul et de faire évoluer sa perception de lui-même. La neuropsychologue Sallie Baxendale rappelle dans sa revue sur le sujet (2024) ainsi que les changements hormonaux pubertaires « sont à l’origine de nombreux changements neurodéveloppementaux dans le cerveau de l’adolescent ».


Interrompre ce processus peut donc suspendre la trajectoire développementale, de sorte qu’un jeune ne remettant pas en question son positionnement initial n’exprime pas nécessairement une validation active de son identité, mais peut simplement ne pas avoir eu l’opportunité cognitive et psychosexuelle de le faire.

Ce paradoxe est explicitement relevé par le Cass Review : « un jeune sous bloqueurs devra prendre la décision de consentir à des hormones masculinisantes ou féminisantes à un moment où son développement psychosexuel aura été interrompu, et avec probablement peu d’expérience de sa puberté biologique » (16.31). Le rapport note également « des préoccupations selon lesquelles les bloqueurs de puberté pourraient modifier la trajectoire du développement psychosexuel et de l’identité de genre » (83).

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7.     Sur l’autodétermination médicale des mineurs

Mme Vandendriessche rappelle qu’en France, le consentement médical des mineur·es repose sur l’accord des titulaires de l’autorité parentale, y compris pour les soins dits d’affirmation de genre. Elle indique qu’« il n’existe pas de droit d’autodétermination médicale effectif en France » et évoque la possibilité d’une « évolution législative ou d’une jurisprudence ouvrant la voie à une autodétermination médicale des mineur·es trans ». Elle interroge ainsi la pertinence d’un cadre légal qui empêche actuellement les adolescent·es de consentir seul·es à des traitements tels que les bloqueurs de puberté ou les hormones sexuelles croisées.


S’il est essentiel que les jeunes soient associés aux décisions concernant leur corps, leur santé et leur avenir, l’autodétermination ne peut, dans un contexte médical, se limiter à l’expression d’un souhait, même sincère. Mme Vandendriessche semble défendre, à l’instar des associations présentes dans le groupe de travail de la HAS, une conception dans laquelle la volonté du jeune, dès lors qu’il est informé des risques, devrait primer.

 

Cette approche soulève néanmoins des questions, notamment lorsque les traitements envisagés ont des effets importants et difficilement réversibles.

Comme le souligne le Cass Review, « les décisions prises dans le meilleur intérêt sont particulièrement complexes lorsque le traitement proposé a un impact majeur, est difficilement réversible et que les résultats sont incertains » (16.33).

Il rappelle également que « la maturation du cerveau se poursuit jusqu’au milieu de la vingtaine, période durant laquelle l’identité de genre et l’orientation sexuelle peuvent continuer à évoluer, parallèlement aux expériences personnelles » (16.10). Cet examen a également « recueilli des témoignages de jeunes adultes et de parents indiquant que certains adolescents, initialement convaincus de leur identité de genre binaire, ont ensuite développé une identité plus fluide à l’âge adulte ou sont revenus à leur genre initial » (16.10).

Ce constat appelle à une prudence renforcée dans les décisions médicales impactant la vie entière.

 

Les adolescents sont-ils en mesure de consentir ?

Pour appuyer l’idée que des adolescent·es pourraient être en capacité de consentir eux-mêmes à ces traitements, Mme Vandendriessche s’appuie sur une revue narrative (Ravindranath et al., 2024) affirmant que « les adolescent·es possèdent la maturité neurocognitive nécessaire pour prendre des décisions à long terme, y compris concernant les soins d’affirmation de genre ».

Mais cette revue ne cite qu’une seule étude spécifique à des jeunes trans (Vrouenraets et al., 2021), utilisant le questionnaire MacCAT-T, un outil conçu pour évaluer la capacité de consentement d’adultes atteints de démence ou de troubles psychiatriques sévères, et non pour des adolescents.

Les deux contextes ne sont pas comparables : même un adolescent particulièrement mûr sur le plan neurocognitif ne dispose pas de l’expérience affective, relationnelle et sexuelle nécessaire pour mesurer pleinement les implications d’une transition médicale.

 

Fonction sexuelle et développement psychosexuel

Certains effets potentiels des bloqueurs de puberté, notamment lorsqu’ils sont administrés très précocement chez des garçons, peuvent concerner la fonction sexuelle à l’âge adulte. La Dre Marci Bowers, elle-même chirurgienne transgenre et ex-présidente de la WPATH, souligne : « Je ne connais à ce jour aucun individu affirmant avoir la capacité d’orgasme lorsqu’il a été bloqué au stade Tanner 2 (soit vers 11 – 12 ans). » (WPATH Files, forum interne, 14 janvier 2022, p. 118/241)

Comment un enfant n’ayant pas vécu la puberté ni connu d’expérience intime pourrait saisir ce que signifie l’absence de désir sexuel ou la perte d’accès au plaisir ?

 

Fertilité et capacité à anticiper l’avenir

Même informé des risques, un adolescent ne peut appréhender la portée existentielle d’une éventuelle perte de fertilité, faute de projection réaliste dans sa vie future. Des professionnels spécialisés en témoignent :

  • « C’est toujours bien en théorie de parler de préservation de la fertilité avec un adolescent de 14 ans, mais je sais que je parle à un mur. […]. » (Dr Dan Metger, endocrinologue, WPATH)

  • « [concernant les enfants et adolescents] C’est un peu un aspect développemental, c’est en dehors de leur plage développementale parfois de comprendre dans quelle mesure certaines de ces interventions médicales les impactent. » (Diane Berg, psychologue, co-auteure du chapitre sur les enfants des Standards of Care de la WPATH)

    (Workshop : évolution de l’identité, 6 mai 2022)

 

Ces constats rejoignent l’analyse de la Haute Cour d’Angleterre, qui estimait en 2020 qu’il est « hautement improbable » qu’un enfant de 13 ans ou moins puisse consentir aux bloqueurs de manière éclairée, et « douteux » que des adolescents de 14 ou 15 ans puissent en évaluer les conséquences à long terme.

 

Les bloqueurs peuvent perturber la capacité de décision

Comme évoqué précédemment, les bloqueurs de puberté perturbent la maturation cérébrale, un processus fondamental pour développer la capacité à prendre des décisions complexes, ce qui, selon le Cass Review : « pourrait avoir un impact significatif sur la capacité du jeune à prendre des décisions complexes comportant des risques, ainsi que des conséquences neuropsychologiques potentielles à plus long terme » (14.38).

La neuropsychologue Sallie Baxendale le résume ainsi : « la puberté empêche le recâblage crucial du cerveau qui sous-tend la capacité à prendre des décisions complexes. Les bloqueurs de puberté peuvent donner aux enfants le temps de réfléchir, mais ils les privent simultanément de leur capacité à le faire ». (UnHerd, 20 mars 2024)

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8.     Concernant la détransition

Mme Vandendriessche affirme que « 13 % des adultes trans ont connu au moins un épisode de détransition dans le passé, pour l’essentiel à cause de pressions familiales et du rejet social » en s’appuyant sur l’étude de Turban et al. (2021).


Or, cette étude, comme toutes celles que Turban a menées, repose sur les données de l’U.S. Transgender Survey 2015, qui excluait dès le départ les personnes ne s’identifiant plus comme trans. Autrement dit, ceux qui ont interrompu leur transition parce qu’ils ne se reconnaissaient plus dans une identité trans ne pouvaient pas participer à l’enquête. Cette limite majeure empêche de tirer des conclusions solides sur les véritables raisons de la détransition, d’autant que l’étude ne portait pas spécifiquement sur ce groupe.

À l’inverse, des études qualitatives interrogeant directement des personnes ayant détransitionné (qu’elles se considèrent ou non encore trans) révèlent une grande diversité de motifs, loin d’être uniquement liés à la pression sociale ou familiale (Expósito-Campos, 2024).


[1] Il s’agit ici des revues qui ont documenté de manière transparente leur évaluation de la qualité des études incluses, et la certitude des preuves par résultats, le cas échéant.





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