Prévalence de la « diversité de genre » chez les personnes autistes
- Magali Pignard
- 19 mai
- 3 min de lecture
Cette revue systématique et méta-analyse, publiée en avril 2025 dans Autism in Adulthood, dresse un état des lieux de la prévalence de la diversité de genre (DG) chez les personnes autistes, sur la base de 24 études publiées entre 2013 et 2023. Parmi celles-ci, 14 ont été incluses dans la méta-analyse (n = 3894).
Résultat principal
Prévalence globale estimée de la diversité de genre chez les personnes autistes : 7,37 % (IC 95 % : 4,45–11,98)
Prévalence plus élevée chez les filles assignées à la naissance (14,54 %) que chez les garçons (8,15 %), sans que la différence soit statistiquement significative (p = 0,18).
Identités non binaires particulièrement fréquentes.
Les auteurs présentent deux hypothèses explicatives :
Une moindre sensibilité aux normes sociales chez les personnes autistes
Différenciation moindre entre les traits masculins et féminins (par exemple, des hommes autistes présentant moins de traits masculins et davantage de traits féminins, et inversement pour les femmes autistes).
Liste des études rapportant des résultats quantitatifs sur la prévalence de diversité de genre dans la population autiste
Étude cas témoin (7)
Bejerot 2014 : Sexuality and gender role in autism spectrum disorder: A case control study (38)
Graham Holmes 2020 ; Family sexuality communication: Parent report for autistic young adults versus a comparison group (26)
Joyal 2021: Sexual knowledge, desires, and experience of adolescents and young adults with an autism spectrum disorder: An exploratory study (2
May 2017 : Gender variance in children and adolescents with autism spectrum disorder from the National Database for Autism Research (30)
Pohl 2014: Uncovering steroidopathy in women with autism: A latent class analysis (45)
Strang 2014 : Increased gender variance in autism spectrum disorders and attention deficit hyperactivity disorder (35)
Walsh 2018 : Gender identity differences in autistic adults: Associations with perceptual and socio-cognitive profiles (36)
Études de cohortes (2)
Chang 2022: Mental health correlates and potential childhood predictors for the wish to be of the opposite sex in young autistic adults (39)
Hedley 2022: The suicidal ideation attributes scale-modified (SIDAS-M): Development and preliminary validation of a new scale for the measurement of suicidal ideation in autistic adults (27)
Études transversales (5)
Conner (2022): The role of emotion dysregulation and intolerance of uncertainty in autism: Transdiagnostic factors influencing co-occurring conditions (23)
Cooper 2023: The lived experience of gender dysphoria in autistic young people: A phenomenological study with young people and their parents (43)
Huang 2021: Factors associated with age at autism diagnosis in a community sample of Australian adults (28)
Hull 2021: Is social camouflaging associated with anxiety and depression in autistic adults? (42)
Williams 2022 : Measuring subjective quality of life in autistic adults with the PROMIS global–10: Psychometric study and development of an autism-specific scoring method (37)
Remarque critique sur la notion de « diversité de genre » développée dans cette revue
La notion de diversité de genre semble, au premier abord, inclusive et bienveillante. Mais elle repose en réalité sur une logique paradoxale : au lieu de remettre en question les rôles de genre traditionnels (souvent stéréotypés et sexistes), elle les multiplie sous forme d'une multitude de cases (non binaire, agenre, genderfluid, etc).
Dans ce cadre, une personne qui ne se reconnaît pas dans le rôle social de « femme » ou « homme » ne sera pas encouragée à élargir ce que peut être une femme ou un homme, mais à se redéfinir dans une autre catégorie, afin de rentrer coûte que coûte dans une case. Ce mécanisme ne libère pas des normes de genre : il réassigne chacun à une forme de conformité, en fonction de critères sociaux implicites.
Cela est d’autant plus problématique chez les personnes autistes, dont la non-conformité aux rôles sociaux — y compris de genre — est souvent une conséquence directe de leur moindre sensibilité aux conventions sociales/difficulté à décoder les attentes sociales, du fait de leur fonctionnement autistique.
Au lieu de reconnaître cette non-conformité comme une expression naturelle de la diversité humaine, le discours dominant l’interprète comme une identité de genre spécifique. Ce glissement peut mener à une médicalisation à vie avec des risques pour la santé à long terme, alors même que la personne ne souffre d’aucune pathologie.
Plutôt que d’étiqueter toute non-conformité comme une « diversité de genre », ne faudrait-il pas simplement redonner de la légitimité au fait de ne pas se conformer ?
Refuser un rôle social ne signifie pas qu’il faille s’assigner une nouvelle étiquette, et encore moins corriger médicalement son corps pour s’y conformer.
🔍En savoir plus sur le lien entre autisme et dysphorie de genre :





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