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Parcours de transition des plus de 16 ans : l'HAS intègre les revendications des associations de militants trans

Photo du rédacteur: Magali PignardMagali Pignard

Dernière mise à jour : il y a 5 jours

Le groupe de travail planchant sur les recommandations de bonnes pratique de la Haute Autorité de Santé recommande sans conditions la transition médicale (hormones sexuelles croisées à vie et chirurgie hormis la chirurgie génitale) à tout jeune de plus de 16 ans qui la souhaite sur la base d’un ressenti susceptible d’évoluer : un traitement médical avec des effets irréversibles impactant sa vie entière, présentant de nombreuses inconnues, non soutenu par les preuves existantes, avec des risques d’infertilité à l’âge adulte et des risques de dysfonctionnement sexuel.  

Siège de l'a Haute autorité de santé
Crédit photo : Phanie via AFP

Le 12 décembre 2024, Le Figaro a publié le projet de recommandations de bonnes pratiques l’HAS concernant le parcours de transition des personnes trans 16 ans et plus, un document actuellement examiné par un comité de relecture : celui-ci peut faire des remarques avant que les recommandations définitives ne soient rendues publiques (au 1r  semestre 2025). Sachant qu’à cette étape du processus, les recommandations ne peuvent être modifiées qu’à la marge.


Une approche très transaffirmative, à l'opposé du Cass Review (2024)

Concernant les mineurs, ces recommandations sont diamétralement opposées à celles du Cass Review, un examen indépendant des services de genre pour mineurs en Angleterre, qui s’appuie entre autres sur les revues systématiques les plus vastes et complètes à ce jour (les revues systématiques figurent au sommet de la hiérarchie des preuves).

De manière générale, le Cass Review souligne le « manque de bonnes preuves sur les résultats à long terme des interventions pour gérer la détresse liée au genre », et recommande une approche qui considère le jeune « de manière holistique et pas uniquement en termes de détresse liée au genre : dépistage des troubles neurodéveloppementaux, approches thérapeutiques psychologiques et psychopharmacologiques standard fondées sur des preuves, Possibilité de fournir des hormones sexuelles croisées à partir de 16 ans (…) mais avec une extrême prudence ».

Ces recommandations sont mises en œuvre par le gouvernement anglais de gauche.


Alors pourquoi ce grand écart ?

Sans doute à cause de la composition du groupe de travail de ce projet, tenue secrète par l’HAS mais révélée par Le Figaro en juin 2023 : 30 personnes, dont 28 adhèrent très largement au mouvement transactiviste (une des 2 personnes en minorité ayant démissionné), soit 93 % du groupe. (Le nom de chaque membre et sa « déclaration publique d'intérêts » est disponible sur dpi.sante.gouv.fr et leurs noms sont regroupés dans ce pdf).

Étant donné la faiblesse des preuves dans ce domaine, la majorité des recommandations sont prises sur « accord d’expert » : ces recommandations ne reposent donc pas sur une base scientifique solide, mais plutôt sur l'accord d'un petit groupe d'individus qui ne représente pas la diversité des opinions et des recherches sur la transition de genre. Il n’est par ailleurs pas étonnant que ces recommandations soient la transposition des revendications de l’association Trans Santé France  et d’Outrans étant donné que les 2 co-présidents du groupe sont co-présidents de Trans Santé France, et étant donné la présence de la directrice d’Outrans, les deux associations les plus importantes en France.


Que recommande l’HAS ?

Les recommandations de l'HAS sont similaires aux directives les plus extrêmes fondées sur les droits et centrées sur l’autodétermination et la satisfaction des besoins exprimés : à l’opposé des directives fondées sur les preuves, centrées sur la sécurité des personnes. (en savoir plus : Kozlowska et al. 2024, présentée ici).


Voici ce qui ressort des recommandations :


Les hormones sexuelles croisées sont recommandées car elles seraient bénéfiques pour la santé mentale

Aucune condition requise autre que le « consentement éclairé »

Incitation des parents à accepter la médicalisation sous peine de retrait de l'autorité parentale



Un consentement éclairé, vraiment ?

L’HAS estime que seul le consentement éclairé suffit pour accéder aux hormones et à la chirurgie. Mais comme l’a souligné le Cass Review, celui-ci est un défi. En effet, « Le clinicien doit d'abord décider quelles options de traitement sont appropriées/cliniquement indiquées, puis fournir les informations dont le patient a besoin pour prendre une décision éclairée sur les options proposées ».

« Ce devoir s'applique (...) également à toute alternative ou traitement raisonnable. Cela signifie qu'il ne suffirait pas de discuter des options endocriniennes, mais aussi d'autres options non endocriniennes, ainsi que des avantages et des inconvénients de retarder l'intervention endocrinienne ».


Ce que se garde bien de faire le groupe de travail.

Consentement éclairé, Cass Review

Intervention cliniquement indiquée

Communication des informations


Conclusion

Faire du forcing sur la famille pour qu'elle se convainque que son enfant s’identifiant trans restera trans toute sa vie et que seule la transition médicale et un environnement affirmatif résoudront toutes ses difficultés, n'est pas aidant : sachant que l’aptitude des spécialistes à prédire l'avenir de ces jeunes est compromise par une pénurie de données de suivi à long terme.


L’option endocrinienne n’est pas soutenue par les preuves, et constitue la 1re ou 2e étape d’une vie de médicalisation entraînant des risques pour la santé à long terme (problèmes cardiovasculaires, risque augmenté de cancers, ostéoporose), provoquant des changements physiques irréversibles, ainsi que des risques de stérilité/infertilité et de dysfonction sexuelle.


Enfin, il serait sans doute plus opportun d'expliquer à ces jeunes que la non-conformité de genre fait partie de la diversité humaine et n'a pas besoin d'être corrigée médicalement.


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