Des chercheurs de différents pays retracent comment le Dutch Protocol a été intégré à la pratique clinique ou officiellement adopté dans leurs directives nationales, malgré divers éléments préoccupants, dont l’absence de données sur les résultats à long terme.
Evolving national guidelines for the treatment of children and adolescents with gender dysphoria: International perspectives, Kozlowska et al., Human Systems, nov. 2024. |
Cet article cite 3 évolutions suscitant de nouvelles préoccupations :
augmentation inattendue de dysphorie de genre à l’adolescence, en particulier chez les filles.
nombre croissant de personnes qui regrettent leur transition médicale démarrée à l'adolescence : une partie de ces jeunes prenant conscience que des problèmes de santé mentale ou des réactions à des abus ou à des traumatismes passés ont parfois été confondus avec une dysphorie de genre.
lois sur les « thérapies de conversion » fermées à l’accès à la psychothérapie exploratoire qui permet d’explorer les questions d’identité de genre à partir d’une position thérapeutique neutre.
Le texte présente trois parties :
Analyse chronologique des pays ayant intégré le Dutch Protocol dans leurs directives.
Exploration des préoccupations concernant la sécurité du Dutch Protocol dans certains pays et l'émergence d'une approche basée sur les preuves pour l'élaboration des directives.
Discussion sur les pays n'ayant pas de directives nationales en la matière.
La 1re partie de l'article comprend un tableau sur la situation actuelle selon différents pays, mentionnant l'année d'adoption :
du Dutch Protocol,
de la 1re directive nationale,
de loi sur les droits civils pour le changement légal de sexe ;
de loi sur les thérapies de conversion.
« À une extrémité du spectre se trouvent les directives informées et fortement façonnées par une approche fondée sur les droits qui met l’accent sur l’autodétermination, l’identité et l’autonomie corporelle, la satisfaction des besoins exprimés, la dépathologisation et l’élimination de la discrimination. À l’autre extrémité du spectre, dans le cadre de développements influencés par l’essor de la médecine fondée sur les preuves, se trouvent les directives centrées sur la sécurité des patients et les normes de soins fondées sur les preuves. »
« L'engagement des démocraties occidentales en faveur des droits individuels (...), la poussée vers la dépathologisation, le rôle évolutif d'Internet et l'insertion de la politique/idéologie du genre dans le contenu éducatif scolaire, social et politique (Dentons Europe LLP, 2019) ont contribué à mettre de côté les garde-fous et à faciliter l'accès aux interventions médicales pour traiter la dysphorie de genre chez les mineurs. (...) »
La 2e partie de l'article se concentre sur les parcours divergents de la Finlande, de la Suède, du Royaume-Uni et de la Norvège :
« l'élaboration des lignes directrices a changé de direction à mesure que la base de données de plus en plus importante concernant les interventions médicales pour les enfants et les adolescents atteints de dysphorie de genre a commencé à soulever des inquiétudes quant aux résultats cliniques et à la sécurité de ces interventions.
les inquiétudes concernent :
l'immaturité des enfants ou leur capacité à donner leur consentement (de Nie et al., 2023 ; Kozlowska et al., 2021 ; Latham, 2022 ; Levine et al., 2022 ; Nahata et Quinn, 2020) ;
l'incertitude quant aux avantages et aux inconvénients de la suppression de la puberté (en particulier sur le développement du cerveau) (Baxendale, 2024 ; Chen et al., 2020 ; Schneider et al., 2017) ;
la fonction sexuelle future (Bowers, 2022 ; van de Grift et al., 2020 )
la fertilité future (de Nie et al., 2023 ; Johnson, 2023) ;
le manque de données à long terme sur la persistance, en plus de la détransition et du regret dans ce nouveau groupe de patients (Boyd et al., 2022 ; Hall et al., 2021 ; Roberts et al., 2022 ; Turban et al., 2021) ;
l'incertitude croissante quant à savoir si le changement de sexe améliorait la morbidité psychiatrique (ou non) dans ce nouveau groupe de patients (Kaltiala et al., 2020 ; Ruuska et al., 2024) ;
les préoccupations concernant les modèles de traitement qui s’écartent des normes médicales normales exigeant un diagnostic qui suit un processus d’évaluation complet (Esteva de Antonio et al., 2015 ; Jorgensen, 2023a ; Littman et al., 2024 ; Paul, 2023) ;
et les commentaires des personnes en détransition – à commencer par des témoignages individuels (Bell, 2020 ; Helena, 2022) – selon lesquels leurs cliniciens traitants ne leur avaient pas fourni "une discussion plus approfondie sur les risques/bénéfices des interventions avant la prise de décision en matière de traitement" (MacKinnon et al., 2023) ou que des problèmes de santé mentale ou des réactions à des abus ou à des traumatismes passés avaient été confondus avec une dysphorie de genre (Littman, 2021 ; Littman et al., 2024). »
La 3e partie détaille la situation de 4 pays ne disposant pas de directives nationales : l'Australie, le Canada, la République d'Irlande et les États-Unis.
La conclusion souligne différents points :
Une distinction des pratiques entre le public et le privé
Un conflit entre les « soins d'affirmation de genre » et certains droits de la convention des droits de l'enfant
Des jeunes privés de soutien par le biais d'une psychothérapie exploratoire
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