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Études sur la satisfaction sexuelle d'adultes ayant pris des bloqueurs de puberté

Personnes transféminines ayant eu recours à une vaginoplastie : van der Meulen et al., 2024 ​

📄 Timing of puberty suppression in transgender adolescents and sexual functioning after vaginoplasty, The Journal of Sexual Medicine, 2024

​Cette étude hollandaise rétrospective se pose la question suivante : le fait d’avoir été bloqué très tôt dans la puberté nuit-il à la capacité d’éprouver désir, excitation, orgasme après vaginoplastie ?

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➯ Ce que rapporte l'étude

37 personnes transféminines, qui sont un sous-échantillon d’une cohorte totale de 135 jeunes trans qui furent les premières à compléter ce parcours de soins (cohorte clinique historique).

Tous ont reçu des bloqueurs de puberté à l’adolescence, puis des œstrogènes et une vaginoplastie.

Compare, sur auto-déclaration, la capacité de désir/excitation sexuelle, et à atteindre un orgasme, entre :

  • les 16 personnes ayant commencé le blocage tôt dans la puberté (Tanner 2–3, moyenne : 13,2 ans),

  • les 21 personnes ayant commencé plus tard (Tanner 4–5, soit vers 14,6 ans).

 

Environ 1,5 an après la vaginoplastie, les participants rapportent :

  • Désir sexuel : 91 % ; Excitation: 89 % ; Orgasme : 78 % ; Masturbation : 79 % ; Tentative de pénétration vaginale : 62 %

  • Pas de différence significative entre début précoce et tardif pour ces mesures après chirurgie.

Concernant la capacité orgasmique :

  • Parmi les personnes ayant déjà eu un orgasme avant chirurgie, 79 % en ont également eu après.

  • Parmi celles n’en ayant jamais eu avant, 75 % ont réussi à en avoir après.

​​

Parmi les personnes ayant des rapports sexuels : 67 % rapportent au moins une difficulté sexuelle, surtout la douleur (52 %), mais sans différence entre début précoce et tardif.

➯ Critique : Lettre à l'éditeur, Clayton et al., 2025

  • Instrument de mesure non disponible.

  • Petit échantillon (n = 37) → Pas de puissance statistique permettant de détecter des différences entre les groupes → Risque élevé d’erreur de type II (donc de ne pas détecter une différence réelle).

  • Données limitées pour les difficultés sexuelles (n = 21, uniquement celles ayant tenté un rapport sexuel) → Intervalles de confiance très larges = forte imprécision → Même des écarts importants dans les données brutes (ex. manque d’excitation sexuelle : 14 % dans le groupe blocage pubertaire précoce vs 57 % dans le groupe blocage tardif, Tableau 4) ne deviennent pas significatifs → Impossible d’exclure l’existence de différences cliniquement importantes entre blocage précoce et blocage tardif.

  • Taux de réponse (sur l’ensemble des participants éligibles) + taux de données manquantes : inconnus.

  • Dans le débat à ce sujet, les inquiétudes concernent uniquement les garçons bloqués au stade Tanner 2 (10–12 ans). Or, l’étude regroupe les stades Tanner 2 et 3 dans une même catégorie → Impossible d’isoler l’effet propre du Tanner 2.

  • Les auteurs ne disent jamais explicitement que seulement 5 participants ont réellement commencé les bloqueurs à Tanner 2. Malgré des effectifs trop faibles pour analyser ce sous-groupe, les résultats de ces patients devraient être publiés, car ils sont précieux.

  • Résultats positifs → Fortement mis en avant (ex. : la majorité de ceux sans orgasme préopératoire en rapportent un après), tandis que résultats préoccupants → relégués au second plan. Exemples : 21 % de ceux ayant un orgasme avant la chirurgie n’en ont plus après (anorgasmie secondaire ?) ; la plupart des participants n’avaient soit pas tenté un rapport sexuel, soit rapporté une satisfaction « mauvaise » ; la plupart éprouvaient de la honte vis-à-vis de leurs organes génitaux.

  • 22 % de non-orgasme après la chirurgie + 67 % avec difficultés sexuelles → minimisés par les auteurs via une comparaison avec les femmes cis. Or :

    • Comparer des personnes nées mâles à des femmes cis est méthodologiquement inadéquat (physiologie différente).

    • Affirmer que 22 % d’absence d’orgasme post-vaginoplastie serait « similaire » aux 10 % de femmes cis qui n’orgasment jamais n’est pas correct : 22 % ≠ 10 %.

  • Tentative d’atténuer l’inquiétude concernant la suppression pubertaire (SP) en soulignant que, même sans SP, beaucoup de femmes trans adultes ont une sexualité difficile après vaginoplastie. Or, ces adultes ont bénéficié d’un développement psychosexuel complet et ont pu consentir à la chirurgie en connaissance de cause. Ce n’est pas le cas des mineurs bloqués à Tanner 2–3, avec très peu ou pas d’expérience sexuelle, et qui ne peuvent pas anticiper ce qu’ils risquent de perdre → Enjeu éthique central de la transition médicale des mineurs.

Adultes des deux sexes ayant pris des bloqueurs de puberté : van der Meulen et al., 2025

📄​ Sexual satisfaction and dysfunction in transgender adults following puberty suppression treatment during adolescence, The Journal of Sexual Medicine, 2025
 

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​​​➯ Ce que rapporte cette étude menée aux Pays-Bas (Amsterdam UMC)
70 adultes trans (50 transmasculins, 20 transféminins) parmi les 145 personnes contactées (parmi ces 145 personnes, 89 ont accepté de participer, et 70 ont été inclus).

Tous ont reçu une suppression pubertaire (SP) à l’adolescence : Tanner 2-3 (n=17) ou Tanner 4-5 (n=53), puis des hormones sexuelles croisées, avec, pour 57 %, une chirurgie génitale.
Objectif : comparer sur auto-déclaration, à l’âge adulte (≈14 ans après SP), la satisfaction sexuelle, la fréquence des dysfonctionnements sexuels entre :

  • SP précoce,

  • SP tardif,

  • et une cohorte externe ayant commencé la transition médicale à l’âge adulte.

Satisfaction sexuelle : Transmasculins : 52 % satisfaits, contre 40 % de transféminines. Aucune différence significative entre SP précoce et tardif.

Dysfonctionnements sexuels

  • Transmasculins :  58 % rapportent ≥ 1 dysfonction sexuelle. Principal problème : difficulté à initier un contact sexuel (34 %). Prévalence « similaire » entre SP précoce (67 %) et tardif (56 %).

  • Transféminines : 50 % rapportent ≥ 1 dysfonction. Principal problème : difficulté à atteindre l’orgasme (35 %). Certaines difficultés (manque d’excitation, difficulté d’orgasme) apparaissent surtout dans le groupe SP tardif, mais les effectifs sont faibles.

 

Comparaison avec les personnes ayant commencé leur transition à l’âge adulte : taux de dysfonction sexuelle  similaires 

Conclusion de l'étude 

  • la majorité ne rapporte pas de difficultés durables de désir, d’excitation ou d’orgasme,

  • les résultats sont similaires entre SP précoce et tardif,

  • les taux de dysfonction sexuelle sont comparables à ceux observés chez les personnes trans débutant transition à l’âge adulte,

  • et les niveaux de satisfaction sexuelle sont proches de ceux de la population générale.

➯ Critique : SEGM, juin 2025

Les seuls cas pertinents pour le débat actuel sont au nombre de cinq

Tout comme l'autre étude : parmi les 17 avec suppression de puberté à Tanner 2-3, seulement 5 l'étaient à Tanner 2 → Regroupés avec les Tanner 3, faute d’effectif suffisant pour analyser séparément leurs résultats. Or, le débat actuel porte précisément sur les suppression de puberté à Tanner 2 → l'étude n'apporte pas d'information utile sur ce point.

Taux de participation global faible

145 personnes éligibles, 89 acceptant de participer, 70 complètent l'étude → 70 ÷ 145 = 48 % de participation. Encore plus faible chez les transféminines : 30 %. Il est très probable que celles et ceux qui avaient le plus de difficultés sexuelles, d’insatisfaction ou de gêne aient refusé de répondre → Les personnes qui ont répondu ne représentent peut-être pas fidèlement la population réellement traitée

Tailles échantillon trop faibles

17 participants ont eu une SP Tanner 2-3, contre 53 en Tanner 4-5 → Comparaison statistiquement impossible.

L'effet s'aggrave lorsque la comparaison est selon le sexe → Des résultats contre-intuitifs. Exemple avec les garçons de naissance (figure 4) : 58 % de dysfonction orgasmique en Tanner 4-5 (n=12), contre 0 % en Tanner 2-3 (n=8) → Simple bruit statistique ?

Concernant le questionnaire « partiellement auto-créé », non validé, standardisé

  • La question centrale ne précise pas quand les problèmes sexuels sont survenus → Impossible de savoir d’où viennent les difficultés sexuelles : bloqueurs, hormones, chirurgie, effets tardifs de la transition, facteurs externes ? → Impossibilité d'attribuer les résultats à la suppression pubertaire.

  • L'outil n'a pas inclus la douleur, alors que :

    • c'est un problème courant dans cette population.

    • c'est un critère standard pour mesurer les dysfonctions sexuelles : d'ailleurs, les études auxquelles les chercheurs comparent leurs résultats  incluent ce critère (Kerckhof et al., 2019 ; van der Meulen et al., 2024).

Concernant la comparaison des résultats de cette étude avec la pop. générale

➥ Dysfonction sexuelle (dans l’étude : 50 % transfem et 58 % transmasc)

L’étude compare ces chiffres avec, par ex, « 42 %  chez les jeunes femmes aux Pays-Bas », en s’appuyant sur une enquête hollandaise (de Graaf et al., 2024a). Or :

  • Il existe une différence d’âge entre les participants de l’étude (≈ 29 ans) et cette enquête hollandaise (< 25 ans).

  • Dans de Graaf et al., 2024a, les 42 % (tableau 4.13.1, p. 99/227) correspondent à des « difficultés d’orgasme pendant ≥3 mois dans l’année », et non à une dysfonction sexuelle au sens défini par les auteurs de l’étude (avoir un problème ET en souffrir). Cette même enquête rapporte que seules 9 % (tableau identique) entrent réellement dans la catégorie (« difficultés à atteindre l’orgasme + en souffrent »).

  • Les auteurs auraient dû comparer leurs résultats avec l’enquête nationale représentative sur la santé sexuelle des adultes néerlandais (18–80 ans), source officielle la plus utilisée de Graaf et al., 2024b). Ici, les chiffres (tableau 8.14, p. 144/155) sont 7% et 17 % de dysfonction sex. chez les hommes et femmes contre 50 % et 58% chez les transfem et transmasc dans l’étude.

 

➥ Satisfaction sexuelle (dans l’étude : 49 % global, 52 % transfem et 40 % transmasc)

L’étude compare ces chiffres à « 47 % des personnes dans un échantillon de population générale », en s’appuyant sur une enquête internationale développée par l’OMS (Skevington et al., 2024). Or :

  • La source OMS n’est pas une référence valide : 47 % de malades + 0,3 % de Néerlandais = non comparable.

  • Un indicateur plus pertinent est l’enquête nationale représentative, qui compte 57 % d’hommes néerlandais de + de 25 ans satisfaits de leur vie sex. dans la pop. générale (tab. 3.3.1, p. 54/155), à comparer avec les 40 % de participantes transféminines (personnes nées garçons) dans l’étude de Van der Meulen.

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